Pendant 1h30, pour la deuxième fois de son mandat, Emmanuel Macron s’est expliqué devant les parlementaires sur les avancées de ses réformes. Si vous n’avez pas suivi le live-tweet de Jean-Luc Mélenchon, lisez cet article.
Un an après son élection, Emmanuel Macron s’est exprimé ce 9 juillet devant le Congrès réuni à Versailles pour la deuxième fois de son mandat – il s’est engagé à le faire chaque année. Objectif : rendre compte de sa politique générale, et fixer le cap pour la prochaine année. Mais alors qu’il connaît une chute sévère dans les sondages, et que les députés de la France insoumise (LFI) ont annoncé tambour battant qu’ils boycotteraient cette cérémonie à laquelle les parlementaires sont conviés sans qu’un débat contradictoire soit possible, le président de la République a répondu aux critiques qui germent dans la société.
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“Je sais que je ne peux pas tout”
Tout d’abord, Emmanuel Macron a souhaité faire preuve d’humilité en expliquant : “Je vous le confirme, je sais que je ne peux pas tout et je sais que je ne réussirai pas tout. Mon devoir est de ne jamais m’y résoudre, et de mener inlassablement ce combat. Tout président connaît le doute, je n’y fais pas exception. (…) Si on est réaliste, on porte l’humilité – ô combien! – mais l’humilité pour soi, pas pour la France”.
Il a ensuite expliqué, en réponse au mécontentement, que les citoyens devaient faire preuve de patience pour réellement mesurer les effets de ses réformes : “Je suis parfaitement conscient du décalage entre l’ampleur des réformes engagées et le ressenti. Il faut du temps, parfois un long temps, pour que la transformation initiée s’exprime dans le pays”.
“Pouvoir vous répondre”
Toujours en réponse aux critiques qui lui sont adressées, en particulier par LFI, sur sa supposée “dérive monarchiste”, Emmanuel Macron s’est défendu : “(On me fait) un reproche étrange (alors que je) respecte tout à la fois mes engagements et les termes de la Constitution. La révision de 2008 a permis de réunir le Congrès sous la forme aujourd’hui décidée. J’entends qu’on me fait les pires reproches, souvent par facilité, quant à cette procédure”, commence-t-il. En effet, Jean-Luc Mélenchon lui a fait savoir dans une lettre cinglante qu’il refusait son invitation à déjeuner, comme de se rendre au congrès, car il s’oppose à toute forme d’“écoute sans dialogue” et de “pratiques monarchiques”. Emmanuel Macron répond à cette pique : “C’est pourquoi j’ai demandé au gouvernement de déposer un amendement (au projet de révision constitutionnelle) pour permettre, lors du prochain Congrès, que je puisse non seulement rester mais aussi vous écouter et vous répondre”.
La lettre envoyée par JL Mélenchon a E. Macron pour décliner l’invitation au Congrès.
« … je ne serai pas présent, étant retenu par des activités hostiles à votre gouvernement ». @BFMTV pic.twitter.com/dp04Xy9l7L— Anne Saurat-Dubois (@annesaurat) July 9, 2018
“Ni les castes, ni les rentes, ni les privilèges”
Répondant encore une fois aux critiques formulées par les communistes et par LFI, qui le qualifient souvent de “président des riches”, Emmanuel Macron a affirmé, en référence à la suppression de l’impôt sur la fortune : “Dès les premières semaines, nous avons revu la taxation des produits de l’épargne et réformé l’impôt sur la fortune. Non pas, comme je l’entends parfois, pour favoriser les riches, mais pour favoriser les entreprises”. Et d’ajouter : “Je n’aime ni les castes, ni les rentes, ni les privilèges”.
“Encadrer l’islam”
Dans son discours, Emmanuel Macron a également évoqué l’islam, en annonçant qu’il lui donnerait « un cadre et des règles ». “Il y a une lecture radicale, agressive de l’islam, qui se fixe pour buts de mettre en cause nos règles et nos lois de pays libre, de société libre, dont les mots d’ordre n’obéissent pas à des principes religieux”, a t-il argumenté. Avant d’annoncer : “C’est pourquoi, dès l’automne, nous clarifierons cette situation en donnant à l’islam un cadre et des règles garantissant qu’il s’exercera partout de manière conforme aux lois de la République. Nous le ferons avec les Français dont c’est la confession et avec leurs représentants”.
Macron rabroué sur les retraites
Le président, applaudi toutes les deux phrases par la masse des 900 députés et sénateurs, a été exceptionnellement rabroué alors qu’il évoquait les retraites. Au moment où il affirme qu’il ne touchera pas aux pensions de réversion des retraités, certains l’ont hué ou invectivé, créant un moment de tension rare dans ces occasions solennelles.
Solidarité européenne et crise migratoire
Alors qu’il a été très critiqué pour son silence au moment de la crise de l’Aquarius, Emmanuel Macron est revenu sur la gestion des flux migratoires. Il a tout d’abord réaffirmé : “Ce sujet ne peut être réglé ni dans l’émotion, qui crée la confusion, ni dans la fermeture et le repli nationaliste”. Pour rappel, le 26 juin il avait considéré que l’ONG d’aide aux migrants LifeLine faisait “le jeu des passeurs”.
>> Lire aussi : Pourquoi la France est restée étonnamment silencieuse au sujet de l’“Aquarius”
Devant le Congrès, tout en prévenant des risques de toute « politique nationaliste », il affirme : “L’essentiel de nos réponses passe par un renforcement de nos frontières communes en Europe et par une politique de responsabilité et de solidarité au sein de l’Europe”. Il persiste cependant a tenir une position qui se veut humaniste, après avoir proposé la mise en place de “centres fermés sur le sol européen” pour les migrants, ce qui lui avait valu des critiques : “Jamais la France n’acceptera les solutions de facilité que d’aucuns aujourd’hui proposent, qui consisteraient à organiser des déportations, à travers l’Europe, pour aller mettre dans je ne sais quel camp, à ses frontières ou en son sein ou ailleurs, les étrangers”.
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