Pour le 30ème épisode, Géraldine Sarratia accueillait l’auteure et réalisatrice Ovidie sur le plateau de l’émission « Dans le Genre de » sur Radio Nova. Pendant près d’une heure, elle est revenue sur son parcours, de son enfance dans le Périgord à son expérience dans le milieu du X et la sortie de son dernier documentaire, « Là où les putains n’existent pas » qui dénonce le modèle abolitionniste suédois.
Réfléchir sur la féminité, sur la masculinité et sur le genre. Tel est l’objet de l’émission « Dans le Genre de » présentée par la journaliste Géraldine Sarratia sur Radio Nova. Pendant près d’une heure, deux fois par mois, elle convie un invité pour parler de son rapport au genre et à l’identité. Cette semaine, l’auteure et réalisatrice française Ovidie s’est prêtée au jeu.
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“Je suis une travailleuse du sexe comme dirait mes consoeurs américaines et cela, beaucoup de journalistes qui ont écrit des articles sur moi semblent l’oublier. Les médias ont beaucoup parlé de mon discours intellectuel, de ma démarche, parfois de mon féminisme, et bien trop souvent de mes études en philosophie comme s’ils s’étaient raccrochés à des choses rassurantes qui leur permettaient d’oublier ce qui les gênait vraiment et ce qu’ils ne parvenaient pas à comprendre : j’étais, je suis, une femme qui fait des films pornographiques devant et derrière la caméra”, écrit Ovidie dans son premier ouvrage, Porno Manifesto publié en 2002.
Auteure et réalisatrice, Ovidie fait ses débuts en tant que travailleuse du sexe dans le milieu du X à la fin des années 90. Très vite, elle délaisse le statut d’actrice et commence la réalisation et la production. Elle multiplie alors les projets pour Canal + ou encore Marc Dorcel, expériences qu’elle relatera dans Porno Manifesto. Depuis, cette féministe affirmée ne cesse de développer des projets d’envergure : publications d’essais, réalisation de documentaires ou encore rédactions d’articles pour plusieurs médias. Cette année, son film Là où les putains n’existent pas sur la politique abolitionniste suédoise a suscité un bel engouement dans la presse européenne pour la justesse et la pertinence de son propos.
Enfance
Née à Lille en 1980, Ovidie grandit dans le Périgord dans une famille de classe moyenne, relativement bienveillante. Chez ses parents, elle ne perçoit pas d’enjeux de domination bien que les assignations de genre soient bien déterminées. « Mes parents ont toujours été dans leurs rôles. Ma mère a toujours porté des talons hauts et fait attention à son apparence », explique t-elle. Cette féminisation, la jeune fille la rejette dans un premier temps jusqu’à prendre conscience, au début de l’adolescence de l’impact du corps féminin dans la société : « à la fin de ma quatrième, j’ai compris que le fait d’être une fille pouvait me servir socialement. J’ai compris que je pouvais prendre ma revanche sur des choses qui m’étaient retirés par rapport à mon genre. »
En ce qui concerne les modèles d’identification, Ovidie se tourne dès son entrée au lycée vers des femmes ayant « une expression radicale de leur féminité », figures issues du monde de la musique et du milieu punk, comme les chanteuses du groupe britannique Crass, la chanteuse Courtney Love ou encore la performeuse Cosey Fanni Tutti.
Sa vision de la féminité
À la question, « Ovidie est-ce que vous vous sentez féminine ?« , l’auteure répond « je me sens plutôt bonne » avec une certaine ironie. Plus tard dans l’émission, elle avouera avoir été très complexée après avoir arrêté les tournages. « Toute cette guerre est arrivée quand mon corps n’était plus un outil de travail (…) j’ai rejeté à un moment ma corporéité. Je voulais éradiquer tout ce qui trahissait mon corps féminin » confie-t-elle. Aujourd’hui, cette mère de 38 ans, s’évertue à questionner la place de la sexualité dans la société, le rapport au corps et les nouvelles formes d’aliénation.
Pour réécouter l’émission et en savoir plus sur Ovidie, c’est par ici.
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