Pendant toute la période où devait se tenir la 73eme édition du festival de Cannes, nous évoquons un temps fort de la légende cannoise, assorti d’une archive d’époque. Aujourd’hui, retour sur la palme d’or surprise décernée à Elephant de Gus Van Sant en 2003.
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Bien souvent, les critiques voient certains films promis à Cannes en amont du festival, lors de projections plus ou moins secrètes, à Paris. Mais dans le cas de Gus Van Sant, c’est bien plus en amont que Jean-Marc Lalanne, actuel directeur des Inrocks et à l’époque rédacteur en chef des Cahiers du Cinéma, découvrit le chef-d’œuvre de Gus Van Sant. Il raconte cette belle anecdote dans Ces Années-là – 70 Chroniques pour 70 éditions du Festival de Cannes : « A la fin du mois de décembre 2002, avec mes collègues Olivier Joyard et Clelia Cohen, nous nous installions quinze jours à Los Angeles pour réaliser un numéro spécial des Cahiers du Cinéma sur le cinéma américain. Parce que nous avions adoré Gerry, qui ne devait être distribué en France que deux plus tard suite à un imbroglio juridique, nous avions décidé de faire un crochet par Portland pour rencontrer Gus Van Sant. (…)
« Il nous semblait impensable que le Festival passe à côté d’une telle splendeur »
Après une journée d’entretien, il nous proposa de nous montrer un téléfilm pour la chaîne HBO dont il achevait la postproduction, et pour lequel il n’envisageait pas encore de distribution en salles. C’est donc dans une petite salle de projection attenante à son bureau, quasiment un grenier, que nous avons découvert sidéré Elephant. (…) Lors du dîner qui suivit notre découverte éblouie, Gus Van Sant nous demanda si nous pensions que le film avait une chance d’intéresser le Festival de Cannes. Il était assez peu confiant car, nous l’apprit-il, Gerry avait été refusé l’année passée. Bien sûr, il nous semblait impensable que le Festival passe à côté d’une telle splendeur.«
Finalement sélectionné, Elephant ne fait pas parti des favoris d’une édition jugée décevante par la presse. Jamais les projections ne se sont terminées par autant de huées, notamment pour The Brown Bunny de Vincent Gallo et Les Côtelettes de Bertrand Blier. Annoncé comme le grand favori avant le festival, Dogville de Lars Von Trier, palmé trois ans plus tôt pour Dancer in the Dark, repartira bredouille. Seuls quatre films se partageront les sept prix décernés par un jury présidé par Patrice Chéreau, un palmarès qui aura pour conséquence la mise en place, dès l’année suivante, d’une règle de non-cumul des prix. Elephant est et restera donc le dernier film a avoir remporté le prix de la mise en scène et la Palme d’or.
Retrouvez notre archive d’époque : la critique du film par Serge Kaganski
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