L’auteure de Crépuscule du tourment s’étonne qu’un camp d’été uniquement ouvert aux Blancs ne donne pas matière à débat en France. Elle invite à regarder cette marge qui pourrait grandir et à revenir sur une histoire coloniale qui portait en elle la défaite d’un pays.
L’événement se tiendra du 13 au 18 juillet 2018. Les happy few qui s’y rendront auront versé un acompte de cinquante euros. On imagine que c’est un tarif individuel puisque des familles sont attendues. On est rassuré en tout cas, on n’y verra pas seulement des hommes au milieu des ruines de la civilisation occidentale.
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Après le succès remporté par l’opération l’an dernier, le camp d’été Suavelos, encore appelé Les cinq jours Edelweiss, remet ça en 2018. Ouvert uniquement aux Blancs, ce rassemblement se donne pour mission de répondre à un besoin. En effet, le communautarisme blanc est une nécessité dans la France du XXIe siècle. Non seulement est-il urgent de l’instaurer, mais il importe d’en assumer les fondements racistes.
L’instant est grave. Il s’agit de faire face à l’invasion annoncée des Subsahariens notamment, cette avalanche démographique qui fera disparaître la race blanche si cette dernière persiste dans son aveuglement. D’ailleurs, la bataille démographique est d’ores et déjà perdue. La fécondité subsaharienne est une arme de destruction massive.
On se donnera la main entre Blancs pour traverser ce siècle d’épouvante
Le ventre des Africaines déversera des hordes qui viendront parachever l’œuvre en cours : la colonisation migratoire, le grand remplacement. Le projet consiste donc à préparer le jour d’après. On se donnera la main entre Blancs pour traverser ce siècle d’épouvante. On travaillera à engendrer les légions qui reprendront la France et l’Europe aux envahisseurs. On élèvera des contingents d’authentiques droitards qui régleront la question une fois pour toutes.
Le camp d’été Suavelos ne fait pas la une des journaux. Sa tenue suscite moins de débats que celle du festival Nyansapo proposé l’an dernier par les afroféministes du collectif Mwasi, ou celle d’ateliers organisés en non-mixité raciale par le syndicat SUD-Education du 93. Les organisateurs de ce rassemblement estival ne sonnent eux aussi le tocsin que sur la toile.
Leur objectif n’est pas de réclamer une place au sein d’une société qu’ils jugent délétère, gangrénée par le gauchisme, le féminisme, l’antiracisme, un progressisme illusoire et suicidaire. Ils n’entendent pas mélanger les torchons et les serviettes génétiques, ni même politiques. Ils se veulent une élite blanche lucide, désireuse de se renforcer.
iI faut accepter l’idée que les faibles soient sacrifiés
Car chacun le voit, trop de Blancs, même à droite, ont été contaminés par l’idéologie dominante. De ceux-là, Les cinq jours Edelweiss ne se soucieront pas. Dans cette lutte pour la préservation génétique, il faut accepter l’idée que les faibles soient sacrifiés. C’est la base.
Ces gens sont encore minoritaires. Cependant, il est sain qu’une société s’intéresse à ce qui fermente dans ses marges et qui l’inondera peut-être bientôt. Au risque de choquer, je dois dire que la tenue de cette manifestation où l’on pratiquera le self-defense dans un safe space blanc ne m’ébranle pas.
Chacun se débrouille avec sa douleur et il y en a une ici que nous, Subsahariens, connaissons bien : celle que suscite la disparition du monde connu, le surinvestissement identitaire que cela occasionne parfois. Mais le simple fait que cette angoisse et les errements qu’elle provoque s’expriment de cette manière en France pose question.
Le pays se caractérise par des discours appuyés sur l’universel et sa devise comprend les mots égalité et fraternité. Les promoteurs du racisme décomplexé n’y souscrivent pas. Ce sont pourtant de jeunes hommes intelligents, cultivés, pas foncièrement haïssables au premier abord. Toutefois, ils incarnent non pas la haine qui vient, mais celle qui s’épanouit déjà.
Une poussée de fièvre xénophobe n’aurait rien d’original
Cette exécration qui signe la défaite d’un modèle républicain conspué par des jeunes du groupe majoritaire ne vise pas uniquement les Français d’ascendance non-européenne et les immigrés, ces conquérants d’un genre nouveau qui viennent dégrader l’Europe en y apportant un matériel génétique de piètre qualité et des mœurs inacceptables. Une poussée de fièvre xénophobe n’aurait rien d’original.
Ce qui l’est davantage, c’est l’obsession raciale et le rejet de cette société ouverte dont certains aspects rebutent également en Afrique, là où, dit-on, la pensée serait encore corsetée par des notions primitives : la tribu, la loi du mâle… De plus, on aurait tendance à imaginer que des personnes nées dans les années 1970-80 ne s’émouvraient pas tant de la présence sur le territoire de populations aux origines variées.
La France ne doit pas la pluralité de ses visages et des différentes expressions de sa culture à l’immigration seule. Elle les doit d’abord au fait que ce pays-archipel s’étende sur plusieurs océans, qu’il compte parmi ses citoyens des populations comme les Amérindiens de la Guyane française, lesquels ne peuvent être vus comme des envahisseurs.
Jamais ils ne vinrent en France, c’est elle qui s’abattit sur eux, et nul ne songe à la restitution de leurs terres ancestrales. A supposer que les immigrés subsahariens et les autres quittent dès demain le sol hexagonal, la France continuerait d’abriter en son sein des populations qui ne sont pas, qui ne seront jamais occidentales.
Mayotte resterait un espace majoritairement musulman et l’un des éléments de la puissance maritime du pays. Les Afrodescendants des Antilles, de la Guyane ou de la Réunion ne pourraient toujours pas faire l’objet de reconduites à la frontière et continueraient de s’établir dans l’Hexagone où ils feraient entendre leurs revendications mémorielles et autres. C’est le salaire de la conquête, le prix de cette grandeur qui, autrefois, se manifestait par l’écrasement de peuples entiers.
Vouloir posséder tous ces territoires habités, c’était s’exposer à ne plus s’appartenir
On s’étonne que la descendance de ceux qui se jetèrent jadis sur un monde effaré perde de vue l’évidence : vouloir posséder tous ces territoires habités, c’était s’exposer à ne plus s’appartenir. La conquête portait en elle la défaite des conquis, mais aussi toutes les pertes que déplorent aujourd’hui les nostalgiques de la puissance.
L’Europe centrale ou de l’Est, qui apparaissent comme des paradis blancs, de potentiels refuges pour préparer la Reconquista du XXIIe siècle, ne produisirent pas ces entités coloniales qui se gaveraient du monde, conviant en elles les facteurs de la mutation dont elles se plaignent.
La première chose que les Européens de l’Ouest abandonnèrent dans leurs aventures coloniales, c’est la pérennité culturelle, pour peu qu’elle ait jamais été envisageable. Toucher l’autre, quelle que soit la manière, c’est aussi être touché par lui. Et la France s’est vautrée sur tant d’autres.
On se demande ce que devaient être les suites de ces accouplements forcés, de l’aliénation méthodiquement nourrie par une politique coloniale assimilationniste. Toute relation est un chemin sans retour. Elle marque de son empreinte les parties en présence. L’asymétrie des rapports n’y change rien. La défaite des colonisés fut donc aussi celle des colons. Il n’y a pas de violence faite à l’autre qui ne soit, à terme, une violence faite à soi.
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