L’animateur de “L’heure des pros”, sur CNews, a répondu aux questions de “Marianne” suite à la polémique née du passage de l’écologiste Claire Nouvian dans son émission. Et c’est coton.
La polémique avait – une fois de plus – enflammé les réseaux sociaux. Le 6 mai, L’Heure des pros accueillait la militante écolo Claire Nouvian sur CNews, au sujet du réchauffement climatique. Mais tout ne s’est pas passé comme prévu. Entre piques prétendument humoristiques sur « le ‘refroidissement’ climatique », mise en doute de la valeur d’un scientifique, interruptions de la parole et moqueries… La cofondatrice de Place publique a subi un interrogatoire auquel elle ne s’attendait pas. Le clash qui en a résulté – relayé via un montage vidéo sur Twitter – a fait couler beaucoup d’encre, tant en défense de Claire Nouvian, que pour prendre le parti de l’animateur adoré des contempteurs du “politiquement correct”. Le journal Marianne a souhaité mettre les points sur les « i », en tentant de comprendre ce que cherche vraiment Pascal Praud. Il a donc répondu aux questions de l’hebdomadaire, mais ses réponses… peinent à convaincre. En voici quelques extraits (gratinés).
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L’humour
Accusé de climatoscepticisme, Pascal Praud plaide l’humour : “Quand je dis : ‘Il est là, le réchauffement climatique : -3 degrés ce matin dans les Yvelines… Attention, sujet sensible !’, c’est du second degré ! […] Mais un partie des journalistes et des politiques fait semblant de ne pas comprendre”, explique-t-il à Marianne. Le second degré avait en effet échappé à nos radars. Et sans doute faut-il y être ultrasensible pour le détecter dans l’émission en question, où il commençait par déclarer : “Le réchauffement climatique alors qu’il fait -3° ce matin dans les Yvelines. Donc bon, hein !”...
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L’objectivité
Au cours de son entretien à Marianne, Pascal Praud définit son rôle d’intervieweur comme celui d’un poil à gratter, toujours à contre-courant de ses invités, évidemment : “J’aime être toujours contre. Face à quelqu’un de gauche, je suis de droite. Et inversement”. Pourtant, il nous a semblé détecter quelques moments d’égarement – ou du moins de déséquilibre – dans cette ligne de conduite. En novembre 2017, dans son autre émission sur CNews, 20h Foot, il était ainsi sorti de ses gonds. En cause, une déclaration du rappeur Rost, qui a évoqué le caractère raciste de la provocation dont a été victime Patrice Evra. « Arrêtez ! Je vous interromps. Arrêtez de mettre les insultes racistes à tout bout de champ sur le débat ! C’est intolérable ! », a hurlé l’animateur. « C’est obsessionnel chez vous, c’est obsessionnel de tout ramener au racisme ! », a-t-il ajouté. Entre “être contre” et refuser carrément de parler de racisme, il n’y a donc qu’un pas pour Pascal Praud.
Dans l'émission de @PascalPraud, tu n'as pas le droit de parler de #racisme. Sinon le gars disjoncte. Ahurissant. #20HFOOT #Evra #CNews pic.twitter.com/NXiFAwUiNf
— Raphaël Badache (@R_Badache) November 4, 2017
L’impartialité
C’est que dans le monde de l’animateur, les médias sont globalement tous de gauche. C’est d’ailleurs pour ça qu’ils le ciblent, comme il s’en était plaint au micro de France Inter. Il est donc normal qu’il contrebalance un peu cette fâcheuse tendance : “Je ne sais pas si mon émission penche à droite, mais au moins, elle ne penche pas de façon systématique à gauche. Répétons-le, Charlotte d’Ornellas est une rareté à la télévision. Elle est catholique pratiquante !”, balance-t-il à Marianne. Elle est aussi journaliste au magazine ultra-droitier Valeurs actuelles.
Le sens du vent
Pascal Praud le reconnaît, il est quand même “attaché à beaucoup de choses conservatrices concernant l’éducation, l’histoire, la littérature”, même si “sur les mœurs, [il est] plutôt progressiste”. Ainsi se dit-il clairement libéral : “Oui, mais j’ai envie de dire, comme 80 % des gens !” On ne sait s’il se réfère à une étude précise, ou si cette spéculation est juste un arrangement avec la réalité – on n’est pas à ça près. En tout cas, rien d’étonnant à ce que l’animateur, à l’instar de Cyril Hanouna, soit contre la taxation des hauts salaires, comme il l’exprime : “Je ne partage pas ses idées ou celles de Brossat, qui au-dessus de 10 000 euros de salaire prennent tout”.
Le relativisme
A la suite du clash avec Claire Nouvian, Pascal Praud a été accusé de mettre à égalité des croyances, des opinions, et des faits établis scientifiquement – ce qu’on appelle le relativisme. Il s’en défend indirectement de manière assez bancale. Quand Marianne lui demande si son émission a vocation à réduire la « fracture médiatique », il répond : “Ce n’est que de la télé ! Cela rentre par une oreille, ça ressort par l’autre… Ce n’est pas le Collège de France que je fais. C’est une émission du matin aussi. Je pense qu’on peut lui pardonner davantage qu’on ne pardonnerait à une émission du soir. Machine à café, je vous dis ! [plus tôt dans l’interview il dit avoir voulu appeler son émission « Machine à café », ndlr]”.
C’est peut-être là que réside le problème de son émission, qui de l’extérieur semble vouloir traiter de sujets d’actualité de manière sérieuse, mais de l’intérieur est vécue comme un divertissement… D’ailleurs, il assume de ne pas avoir réponse à tout, et donc d’être parfois incapable d’arbitrer sur la véracité des propos tenus dans son émission : “Ce que je dis souvent c’est : ‘Je n’ai pas les moyens de vérifier ce que vous dites, c’est vous qui le dites’”.
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