[Les poches de l’été] Portrait du plus gros trafiquant d’héroïne de Baltimore, la première enquête du créateur de The Wire est la matrice de sa série culte.
On ne va pas se mentir : ouvrir Easy Money nécessite d’avoir 64 heures de libre devant soi. Deux pour lire le court bouquin fraîchement réédité chez Barnum, et 62 autres pour se (re)plonger dans The Wire, le feuilleton HBO culte désormais étudié à Harvard. Car le texte de Simon daté de 1987 est à la fois le point de départ et la matrice de la série qui le rendra mondialement célèbre vingt ans plus tard.
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En 1984, blanc-bec du Maryland et biquet tout juste diplômé, David Simon occupe son premier poste de journaliste au Baltimore Sun. Pour son premier vrai sujet de reportage, il a choisi de tirer le portrait de Melvin Williams, aka Little Melvin, le drug lord le plus puissant de Baltimore, “enfant chéri” des ghettos et chef de gang aussi rusé que flamboyant. Avant d’écoper de trente-quatre ans de prison, le gangster roulait en Maserati, portait du vison et inondait d’héroïne les rues de la ville.
L’enfer de West Baltimore
Pendant trois ans, le pigiste va recueillir les confessions de parloir du dealer. Cinq reportages à la une vont naître de ses entretiens, puis un chef-d’œuvre cathodique. Les fans de la série reconnaîtront dans ces pages, traduction des articles de l’époque, les personnages de Barksdale ou Stringer Bell. Ils y retrouveront aussi les surnoms de rue, les bipers, les codes de trafiquants et les sessions d’écoutes de la police. Les néophytes, eux, se retrouveront précipités dans l’enfer de West Baltimore, là où le rêve américain a viré au cauchemar opiacé. Et bon binge watching !
Easy Money (Barnum), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jérôme Schmidt, 92 p., 8,90 €
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