La folie du web s’est-elle emparée de nous ? Bots, fake news, assistants vocaux, appareils connectés. Ils sont tous passés au crible dans le documentaire « Le web, un peu, beaucoup, à la folie » disponible sur Arte.
Internet, tout le monde l’utilise, et pourtant, nombreux sont ceu qui ignorent son fonctionnement et ses dangers. Le documentaire « Le web, un peu, beaucoup à la folie » réalisé par Katarina Schickling et diffusé sur Arte jusqu’au 9 juillet, tente de prévenir des abus possibles d’une utilisation décomplexée des appareils connectés et d’avertir sur les menaces liées à la collecte des données.
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Le reportage suit une famille allemande vivant aux Etats-Unis dans une maison entièrement connectée, du frigo, au lave-linge en passant par la tondeuse. « Chaque objet connecté est une sorte d’ordinateur qui fonctionne par le biais d’une connexion internet, avec leur propre adresse IP. Afin de pouvoir contrôler ces objets à distance, par exemple avec un smartphone, il est nécessaire que cet accès soit ouvert en permanence », informe Martin Schallbruch, informaticien.
Machines zombies
De ce fait, il devient possible de pirater chacun des objets connectés étant donné que ces appareils ne sont pas assez sécurisés. Une autre personne peut alors prendre le contrôle ou installer un logiciel malveillant. Malgré ces risques, sur les 43 millions de français qui possèdent ou ont utilisé un smartphone en 2017, la moitié de ces utilisateurs est séduite par l’idée de contrôler des objets ménagers ou des fonctionnalités dans les voitures avec leur téléphone.
Il existe des hackers spécialisés dans la création de botnets, de larges réseaux d’ordinateurs infectés par un même virus. Ces botnets sont parfois si nombreux qu’ils peuvent attaquer de grands services web afin de le paralyser, d’exercer un chantage, de pirater des données ou d’envoyer des spams. « A l’heure actuelle, les botnets sont principalement constitués d’appareils ménagers. Un pirate peut donc pénétrer dans le programme de votre machine à laver et y installer un virus pour en faire une machine zombie sur un botnet. Il peut ainsi mener une attaque depuis votre foyer à votre insu contre un serveur du gouvernement américain par exemple… « , alerte Martin Schallbruch.
Des robots diffuseurs de fake news
A côté du botnets, il existe également les bots conversationnels, des programmes informatiques destinés à générer des messages automatiques sur les réseaux sociaux. Ce sont eux qui ont notamment un rôle à jouer dans la diffusion des fake news. Sur Twitter par exemple, un bon nombre de commentaires sont postés par des programmes automatisés et non par de vraies personnes. Selon Katharina Anna Zweig, informaticienne et enseignante à l’université de technologie de Kaiserslautern, « l’homme est vulnérable face à ces robots ».
En effet, l’être humain est un animal social, il se forge une opinion en interrogeant des personnes choisies. « S’il a le sentiment qu’une opinion majoritaire se dégage, il a tendance à s’y rallier ». Sur internet, ce phénomène est démultiplié, beaucoup de voies s’expriment. Dès lors, « il nous est difficile de discerner s’il s’agit bien de l’avis personnel de plusieurs individus ou d’un seul et unique robot qui assène la même opinion dans 28 messages légèrement reformulés ».
Tous les bots conversationnels ne sont pas destinés à manipuler les internautes. Ils sont également utilisés pour aider, guider, répondre à des questions, et ce à n’importe quelle heure et n’importe quel jour. Par exemple dans des services d’après-vente ou dans des centres d’appels. « Ceux là, l’être humain sait les identifier. Nous allons nous habituer à ce qu’une partie des échanges en ligne se fasse avec des machines. J’espère qu’ainsi, nous aiguiserons notre sens critique et nous prendrons conscience que certains avis sur internet qui semblent d’origine humaine peuvent en réalité venir de machines », escompte Katharina Anna Zweig.
Sur écoute
Tout au long du documentaire, des spécialistes du net alertent sur la collecte des données. Chacune de nos connexions laissent des traces, qui sont analysées, enregistrées, scrutées. Sascha Lobo, célèbre blogueur allemand, est consterné par la facilité qu’ont les gens à donner leurs données. Ce dernier souhaite une prise de conscience globale et un cadre juridique plus précis.
L’arrivée récente des assistants vocaux dans les foyers pousse encore plus loin la collecte des données. Très rapidement, ceux-ci peuvent en savoir plus sur une famille qu’un ami proche. Alexa et Google Home sont constamment sur écoute. Le documentaire nous questionne, nous interpelle sur notre utilisation de la technologie, en sommes-nous encore maître ou a-t-elle pris le dessus sur nous ?
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