La pop star est la nouvelle égérie Givenchy, comme le fut autrefois l’actrice américaine. Serait-elle son incarnation moderne?
Un serre-tête perlé, une robe aux découpes géométriques et un tatouage où l’en entraperçoit les mots “mille trendresse”. Après un teasing sur Instagram où l’on voyait une silhouette de dos en ombres chinoises, Givenchy a finalement dévoilé le visage de sa nouvelle égérie. Il s’agit de la pop star Ariana Grande, mise en scène dans un hommage à Audrey Hepburn.
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Le cliché, shooté par Craig McDean, évoque effectivement le début de Breakfast at Tiffany’s (1961), dont l’actrice est l’héroïne. Le tatouage d’Ariana Grande – qui date de 2014 – est lui une citation de l’ouvrage de Truman Capote qui avait inspiré le film de Blake Edwards.
La boucle est donc bouclée : c’est Hubert de Givenchy lui-même qui avait fait d’Audrey Hepburn sa muse, et qui avait signé le modèle de robe qu’elle porte dans le film pour incarner le rôle d’Holly Golightly. Une robe qu’arbore aujourd’hui Ariana Grande pour cette campagne.
Ariana Grande, nouvelle Audrey?
Audrey, à son époque, est une petite révolution. Alors que les physiques plantureux des Elizabeth Taylor ou Marilyn Monroe dominent les fantasmes des années 1950, elle détonne. Sourcils épais, traits mutins, filiforme, vêtements confortables qui ne cherchent pas le sexy mais un autre genre d’élégance, elle devient vite un canon hors des clous.
Le créateur, lui, sort de la norme en invitant une actrice à représenter la maison – les endorsements [promotions] par des personnalités du cinéma sont encore rares à l’époque. Quant à Ariana, si son apparence rentre dans les codes actuels, ce choix indique un revirement audacieux pour la maison : le luxe rechigne encore souvent à s’associer à des stars plus populaires. Mais pour Givenchy, elle serait « une muse moderne et la voix d’une génération », et « l’une des forces les plus influentes dans la pop culture actuelle ».
Un look de femme-enfant inclassable
Les deux se ressemblent dans leur apparence dite « gamine » : par leur look de femme-enfant inclassable, elles jouent d’un trouble entre les âges, entre les générations. La différence ? Ariana porte les ongles et le cheveu XXL, et son corps est parsemé de tatouages. Autrement dit, elle joue autour des codes sexués et actuels, qui font d’elle une millenial pur jus.
« Ariana Grande, américaine mais avec un nom à consonance hispanique, ne tombe pas dans un seul cliché. Au contraire, elle évoque Madonna qui faisait de la pop assumée mais qui mettait tout le monde d’accord », dit Pascal Monfort, consultant et sociologue de mode. « A une époque où tout est segmenté et où l’on suit l’idole de sa communauté, elle contrarie ce propos en devenant une star extrêmement fédératrice. »
Si Audrey Hepburn a marqué les générations par sa différence, Ariana, elle, manie les codes du web avec humour, se livre tout en gardant une forme de pudeur, et, surtout, « offre un rêve dans lequel beaucoup peuvent se reconnaître », ajoute Pascal Monfort. Pari réussi.
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