Oubliée par le pouvoir politique pendant cinquante jours, la culture fut aussi l’une des grandes victimes collatérales du confinement. Aux silences assourdissants du ministre de tutelle, Franck Riester, et du Premier ministre, Edouard Philippe, ont succédé très (trop ?) tardivement les premières annonces du président Emmanuel Macron, mercredi 6 mai, lors d’une visioconférence en forme d’effets de manches, fussent-elles retroussées devant l’ampleur de la tâche.
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Emmanuel Macron a interloqué en demandant aux artistes de “se réinventer”
Contraint de prolonger les droits des intermittent·es du spectacle d’un an après l’écho retentissant de la tribune des artistes publiée quelques jours plus tôt dans Le Monde, le président de la République a entretenu le flou artistique et n’a pas apporté les réponses espérées par tout un secteur culturel en attente de solutions concrètes, et dont les problématiques consécutives à la crise sanitaire du coronavirus dépassent largement la seule question de l’intermittence (on compte plus de deux millions de précaires dans ce secteur).
Emmanuel Macron a même interloqué, sinon choqué, en demandant aux artistes de “se réinventer”, un verbe qui est la condition, l’essence même de la création artistique. Bref, une copie présidentielle qui ressemble à un brouillon de culture. Comme le résume fort justement dans ces pages Olivier Py, le directeur du Festival d’Avignon, “pour la culture, c’est le Titanic, et encore, sur le Titanic, il y avait un orchestre”.
A l’aune de la séquence inédite et historique que traverse le monde des arts et des spectacles depuis bientôt deux mois, avec une vie culturelle à l’arrêt et en pause sine die, toute la rédaction des Inrockuptibles s’est mobilisée pour réaliser ce numéro spécial et transversal consacré à la culture oubliée et en crise.
Pour chacune des disciplines couvertes par votre hebdomadaire depuis vingt-cinq ans, nous avons donné la parole à toutes celles et tous ceux qui font vivre la culture au quotidien dans l’Hexagone. Nous avons aussi analysé l’impact économique sur les activités parallèles qui se nourrissent de la culture, particulièrement pendant la période des festivals d’été.
“Culture is future”
Faute de spectacle vivant (concerts, festivals, projections, expositions, rencontres), il faut penser le monde d’après avec encore plus de culture, puisque le confinement aura démontré son impérieuse nécessité, l’inépuisable valeur refuge qu’elle représente.
Au même titre que la nourriture, la culture est un bien de première nécessité, et on n’a pas fini de s’interroger sur la fermeture des disquaires et des librairies pendant ces cinquante-cinq jours d’un printemps confiné, alors que les gestes barrières et les mesures de distanciation sociale y étaient tout aussi envisageables et applicables que dans les commerces alimentaires. A quelque chose malheur est bon, la culture pourrait donc ressortir grandie aux yeux et aux oreilles de tous et toutes. N’en déplaise aux politiques, culture is future.
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