Un rapport parlementaire sur l’état du nucléaire français a été publié ce jeudi. Il détaille les nombreuses failles de l’industrie nucléaire et propose des recommandations pour éviter une catastrophe.
Deux jours après le crash du drone de Greenpeace contre un bâtiment de la centrale nucléaire du Bugey, un rapport parlementaire alerte sur la situation inquiétante du nucléaire français. Rendu public ce jeudi 5 juillet, il liste les failles constatées après cinq mois d’enquête d’une commission parlementaire présidée par le député Paul Christophe (Groupe UDI, Agir et indépendants) et rapportée par la députée Barbara Pompili (LREM). Il évoque également une trentaine de mesures préconisées par les députés afin d’améliorer la sûreté au sein des centrales. L’enquête comprenait des visites de sites et des auditions d’acteurs du secteur nucléaire.
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Selon Le Parisien, le préambule du rapport rappelle qu’un accident peut survenir à tout moment et que la France, avec ses 19 centrales et 58 réacteurs, n’est pas à l’abri d’une catastrophe nucléaire : « Notre pays est particulièrement dépendant de cette source d’énergie. Le moindre incident peut avoir des conséquences catastrophiques pour des millions de personnes et pendant des dizaines de milliers d’années. »
Des failles de sûreté et de sécurité
Entre la menace terroriste, les centrales vieillissantes et un « recours massif » à la sous-traitance, les risques d’accidents sont nombreux. A propos du vieillissement des installations et des signes de corrosions découverts sur de nombreuses pièces, les experts s’inquiètent et s’interrogent « sur la pertinence de la prolongation de la durée de vie de certaines centrales« , comme le rapporte Europe 1.
Concernant la menace terroriste, France Bleu dévoile que différentes sortes d’attaques telles que les cyber-attaques, les commandos armés, la présence de complices au sein du personnel des centrales, ou encore le crash d’un avion gros porteur sont évoquées dans le rapport.
L’enquête parlementaire révèle également qu’il existerait jusqu’à sept niveaux de sous-traitance, alors que la limite théorique est fixée à seulement deux niveaux. Jean-Christophe Niel, directeur général de l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) suggère qu’EDF confierait 80 % des tâches à des prestataires. Barbara Pompili, député rapporteuse de la commission, a écrit à ce sujet : « En faisant appel pour ses travaux de maintenance à des entreprises tiers, EDF a progressivement perdu une partie de son savoir-faire. Elle n’est plus en mesure d’effectuer elle-même certaines interventions délicates sur ses réacteurs. »
Une liste de 33 recommandations pour remédier à ces irrégularités
Suite à la liste des multiples points faibles de l’industrie nucléaire, les députés ont proposé 33 préconisations pour la rendre plus sûre. Face à un recours excessif à la sous-traitance, le rapport recommande de « favoriser la réintégration des compétences au sein des entreprises exploitantes ». Pour les réacteurs vieillissants, la commission demande « un calendrier de fermeture des réacteurs en fonction de critères de sûreté et de sécurité. »
En matière de sécurité, les députés souhaitent déployer davantage de gendarmes sur les sites des centrales et renforcer l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). En vue de contrer la menace terroriste, ils proposent de « réduire la prévisibilité des transports de matière radioactive« , de rendre « plus aléatoires les dates et horaires de départ et les itinéraires », mais aussi de flouter les sites nucléaires sur Google Earth.
Des limites au travail de la commission
Le quotidien Ouest France a interrogé Barbara Pompili à propos de l’évaluation de la sécurité des installations. Cette dernière a répondu : « Ça a été une des grosses limites de notre travail. À chaque fois que l’on demandait à vérifier un certain nombre de choses, le ‘secret défense’ a été presque systématiquement opposé aux membres de la commission, tant par les pouvoirs publics que par le principal exploitant des installations nucléaires. »
C’est pour cette raison que les députés souhaitent créer une « délégation parlementaire au nucléaire civil dont les membres pourraient avoir accès aux informations classifiées nécessaires« , évitant ainsi que tout ne repose uniquement sur la confiance entre l’Etat et EDF.
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