Beauté contemporaine, ce mannequin met en relief l’ambivalence de la mode : friande de physiques atypiques mais aussi profondément hypocrite. Vous ne reconnaissez peut-être pas encore la jolie jeune femme ci-dessus mais ça ne saurait tarder. Du haut de ses 20 ans, la Canadienne Winnie Harlow met la mode en émoi. Cet hiver, elle apparaît […]
Beauté contemporaine, ce mannequin met en relief l’ambivalence de la mode : friande de physiques atypiques mais aussi profondément hypocrite.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Vous ne reconnaissez peut-être pas encore la jolie jeune femme ci-dessus mais ça ne saurait tarder. Du haut de ses 20 ans, la Canadienne Winnie Harlow met la mode en émoi. Cet hiver, elle apparaît tout au long du numéro spécial beauté du magazine i-D, sur le catwalk du londonien Ashish, devant l’objectif de Nick Knight. Elle est aussi la nouvelle égérie de la griffe espagnole Desigual (ça change de la dernière, Adriana Lima, devenue l’ange de Victoria’s Secret).
Pourtant, contrairement au mannequin moyen, c’est à peu près impossible de s’identifier à elle de façon immédiate. Et pour cause : elle souffre d’un cas avancé de vitiligo, une maladie de peau qui provoque des décolorations sévères sur tout le corps, et qui ne touche qu’entre 0,5 à 1 % de la population mondiale (dont feu Michael Jackson). Et si ce n’est ni grave ni douloureux, son aspect visible – particulièrement sur les peaux noires – peut rendre le quotidien pénible. “Toute mon enfance, on m’appelait la vache, le zèbre, on meuglait à mon passage”, se souvient la jeune fille. Pourtant, elle en a fait une force et tenté de lancer sa carrière de mannequin via Instagram et Twitter et voulu s’imposer comme la porte-parole des malades de vitiligo.
C’est l’ex-top model Tyra Banks qui lui a donné sa chance en l’invitant à participer à l’émission America’s Next Top Model après l’avoir repérée sur internet, ce qui lui donne une exposition mondiale. Avec sa beauté profondément hors du commun, Winnie se situe à un point ambigu dans la mode. Elle profite d’un engouement récent pour les physiques dits atypiques dans le mannequinat (dernière en date, la charmante Anna Cleveland pour Chanel, à la mâchoire saillante et au nez prononcé).
Paradoxalement, elle dénonce l’hypocrisie d’un milieu où être différent se résume à une paire de sourcils fournis – en somme une légère irrégularité sur une apparence des plus normées, bien loin d’un handicap subi au quotidien. On ne sait pas encore décrire le physique de Winnie mais on apprend à apprécier cette vision de l’inconnu, cette nouvelle grammaire esthétique. Espérons seulement que Winnie ne soit pas qu’un effet tendance et l’illusion d’un soutien à une cause par l’empire du chiffon. Miss Harlow, nouveau visage de la beauté contemporaine ?
{"type":"Banniere-Basse"}