Serge Kaganski a eu un coup de cœur pour le nouveau film d’Olivier Assayas, « Après mai ».
Eh ben voilà, on le tient enfin notre Lion d’or ! Du moins notre Lion virtuel, perso. Après mai d’Olivier Assayas était très attendu, il comble nos attentes. Suivant les pérégrinations d’une petite bande de lycéens de la banlieue de Paris en 1971 (et dont on reconnaitra aisément en son protagoniste principal le double d’Assayas), le cinéaste parvient à brasser finement toute une époque, de la libération sexuelle aux conflits picrocholins entre les diverses fractions de la gauche, de l’explosion du rock à l’avènement des drogues, des luttes ouvrières au rôle de l’art dans les transformations sociales, des jeans patte d’eph aux vélosolex, de la tension entre espoirs collectifs et ambitions individuelles à celle entre esthétique et politique.
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Epaulé par une troupe de jeunes acteurs tous impeccables, Assayas trouve la juste distance pour évoquer ce grand brassage avec précision, sans nostalgie sentimentaliste ni facile tentation ironique. Parsemant son film de judicieux extraits de livres et de films, il réussit tout : les séquences de charges de CRS, la scène du jeune couple qui s’aime encore mais n’ose pas se le dire, les dissensions politiques qui mènent doucement vers l’individualisme, les voyages et la pulsion internationaliste, les disputes père-fils… A la fois prolongement développé de L’Eau froide et contre-champ intime de Carlos, Après mai est une réussite totale, l’un des grands films sur la jeunesse et sur les années soixante-dix.
Un « Leones » bien mystérieux
Après un tel plat de résistance, le reste du programme paraissait fade. Leones de l’argentine Jazmin Lopez suit un petit groupe de jeunes gens qui s’égarent dans une forêt profonde suite à un accident de voiture. Une sorte de Blair Witch arty. Lopez est une formaliste de talent : la façon dont elle instaure une menace sourde dans cette forêt, mixe la chronologie temporelle, fait sortir et entrer dans le cadre ses personnages, tout cela est absolument virtuose. Mais quel est le sens, le propos du film ? A l’heure (tardive) où l’on rédige ce post, le mystère reste entier.
On n’attendait pas grand-chose du Pieta de Kim Ki-duk (compétition), et là encore, on n’a pas été déçu : ce film n’est en effet pas grand-chose. Sauf si on aime l’ultra-violence gratuite, les tensions œdipiennes exposées sommairement, les hurlements, les personnages qui se font tabasser, torturer, estropier, et le tout avec humour bien sûr. N’est pas Tarantino qui veut. Adieu Kim Ki-daube.
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