Intermittente depuis 2002, la chanteuse et musicienne réagit aux mesures annoncées par Emmanuel Macron ce mercredi 6 mai pour le secteur de la culture.
Qu’attendais-tu de l’allocution d’Emmanuel Macron sur la culture en général, et sur la filière musicale en particulier ?
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Barbara Carlotti – Depuis cinquante jours, j’attendais comme tous les artistes et techniciens des mesures gouvernementales concernant, entre autres, notre statut d’intermittent du spectacle. Intermittente depuis 2002, je vis essentiellement de mes concerts. Dès les premiers jours du confinement, j’ai su que je perdais cinq mois de travail et donc tout revenu. Je devais d’ailleurs renouveler mon statut en juillet mais, avec l’annulation des dates prévues au printemps et cet été dans mon agenda, je n’aurais plus été en mesure de le faire. Mon inquiétude grandissait à mesure que je constatais, comme tout le milieu de la culture, le silence assourdissant de notre ministre de tutelle, Franck Riester. Aujourd’hui, Emmanuel Macron s’est enfin décidé à prolonger les droits des intermittents du spectacle jusqu’en août 2021, mais c’est le minimum vital et une mesure qui arrive tellement tard.
Comment as-tu vécu le confinement ?
Depuis le 17 mars, j’ai vécu un mois et demi d’insécurité totale… Je me suis tout simplement demandé comment j’allais faire pour vivre avec 500 € sur mon compte début avril, et aucun autre moyen de subsistance. La culture est sacrifiée et je ne comprends pas pourquoi, au même titre que la nourriture, la culture n’a pas été déclarée de première nécessité. Cela a été beaucoup dit, mais comment les gens confinés auraient-ils fait sans disques, sans livres et sans films ? On n’aurait eu rien à quoi se raccrocher. Les œuvres, qu’elles soient anciennes ou nouvelles, servent à réactiver l’imaginaire des gens, surtout quand ils sont privés de leur liberté de circulation. Comment les artistes peuvent-ils créer sans possibilité de projection ni de mouvement ?
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Que penses-tu des autres mesures annoncées ?
C’est encore hyper flou, comme toujours avec ce gouvernement. J’ai évidemment pris note des 50 millions d’euros alloués au Centre national de la musique, mais derrière cette somme, qui va en bénéficier et pourquoi ? Comme d’autres artistes, quel que soit notre terrain d’expression, je ne me rends pas compte pratiquement de ce que cette somme va signifier dans les faits. Il faut aussi que cet argent serve aux associations et aux structures indépendantes, qui font la richesse et la diversité de la culture. Il ne faut pas uniquement donner aux institutions publiques et aux grands festivals.
Un point t’a-t-il surpris dans les propos présidentiels sur la culture ?
Une phrase m’a choquée : quand le président Macron a parlé de “réinventer” le secteur culturel. Mais se réinventer de quoi ? Notre métier, c’est de créer, en passant parfois d’un médium à l’autre. Pour ma part, j’exerce ma passion à travers des disques, des émissions de radio et même un film. Et si on doit passer au tout numérique, je suis absolument contre. Le public a besoin de voir des artistes sur scène et l’énergie unique qui s’en dégage.
Propos recueillis par Franck Vergeade
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