Comme un fildefériste se joue du vide, Dans “Les Elucubrations d’un homme soudain frappé par la grâce” au Théâtre Antoine, Edouard Baer s’amuse d’une mise à nu dans une prestation de haut vol qui donne le vertige.
Rien de neuf sous le soleil, et pourtant, avec Les Elucubrations d’un homme soudain frappé par la grâce, tout tient de l’exceptionnel d’un exercice de style qui tire sur le fil aussi précieux que fragile d’un spectacle à déguster comme la plus brillante des improvisations.
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Le rôle d’un acteur venant de péter un cable
Affublé d’un manteau qu’il ne quitte jamais et qui suffit à lui donner des allures d’oiseau de nuit déboussolé, Edouard Baer s’invente un rôle à sa démesure, celui d’un acteur venant de péter un câble sur la scène du théâtre d’à côté.
Poursuivi par un régisseur bien décidé à le faire rentrer au bercail, c’est au moment où il trouve refuge au Théâtre Antoine que débute le spectacle. Même s’il s’amuse de la complicité du public dans la tradition du théâtre de Guignol et Gnafron, sa sincérité est entière quand il tire un dernier coup de chapeau au grand Jean Rochefort.
De l’inspiration de Malraux, Vian et Bernhard
Misant pour ses divagations sur les valeurs sûres de quelques morceaux choisis de haute volée, il puise chez André Malraux, Boris Vian et Thomas Bernhard. L’artiste a l’art de faire monter la mayonnaise avec tout ce qui lui tombe sous la main, allant même jusqu’à oser un clin d’œil au lieutenant Colombo quand il téléphone à sa femme.
Comme on déguste une cuisse de poulet rôti sur le plateau, nous nous contenterons d’une métaphore culinaire pour affirmer que ce spectacle s’apparente au délicieux morceau des gallinacés qu’on nomme le sot-l’y-laisse.
Les Elucubrations d’un homme soudain frappé par la grâce de et par Edouard Baer avec Christophe Meynet. Jusqu’au 22 juin, Théâtre Antoine, Paris Xe.
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