Parmi la vague de producteurs et d’électroniciens français surgis au milieu des années 90, Nicolas Chaix est le plus discret du lot, le moins flambeur et tape-à-l’œil. Ce trentenaire, aujourd’hui père de famille, pèse chacun de ses mots. Ses trois albums ne font jamais, eux non plus, dans la frime. Picnic Attack, sorti en 1997, […]
Parmi la vague de producteurs et d’électroniciens français surgis au milieu des années 90, Nicolas Chaix est le plus discret du lot, le moins flambeur et tape-à-l’œil. Ce trentenaire, aujourd’hui père de famille, pèse chacun de ses mots. Ses trois albums ne font jamais, eux non plus, dans la frime. Picnic Attack, sorti en 1997, Adore, en 1999, et, aujourd’hui, 3 forment une trilogie qui possède peu de pairs dans la production électronique française.
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Sur les morceaux de 3, les influences sont moins évidentes que par le passé : elles se mêlent sans cesse, dévoilant la passion d’I:Cube pour certains pionniers « proto-house » qui ont su mélanger les genres. Liquid Liquid ou Arthur Russell font ainsi partie de ses héros. Ce dernier, compositeur mort au début des années 90, mêlait dans sa soupe organique des cathédrales discoïdes mutantes et des constructions expérimentales minimalistes. 3 est aussi un hommage implicite à une période qu’I:Cube adore : les années 1988 à 1993, « âge d’or de l’électronique ». Il a ainsi glissé des références implicites, des pistes qui mènent aux productions de labels de l’époque ? comme Trax ? qui éditaient les premiers disques naïfs mais enchanteurs de techno ou de house.
3 se nourrit de cette candeur, mais ne s’y noie jamais. L’album est résolument moderne, débordant de développements organiques, parfois empreint de mélodies mélancoliques, le plus souvent construit autour de rythmiques subtilement complexes et toujours élégantes, moins systématiquement tournées vers le dance-floor que par le passé. Toujours soucieux de se renouveler, I:Cube a voulu proposer à des chanteurs d’investir ses morceaux. Un ami l’a guidé vers RZA, rappeur et producteur en chef du Wu-Tang Clan, qui l’a invité à le rejoindre en studio à Berlin. Leur collaboration, Can You Deal with That , est l’une des plus fécondes rencontres jamais entendues entre électronique et hip-hop, le flow de RZA amplifiant violemment les beats épars d’I:Cube. Ce sommet confirme le Parisien comme l’un des producteurs les plus ouverts, fertiles et, surtout, intransigeants et exigeants, de l’électronique contemporaine. Toutes nationalités ou catégories confondues.
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