La club-culture anglaise a mal aux cheveux. Réveil pénible, après presque quinze ans de débauche, d’euphorie et de sons en mouvement. Les magazines dance ferment leurs portes les uns après les autres. Les vastes clubs cuméniques mettent la clé sous le paillasson. Simon Ratcliffe, moitié de Basement Jaxx, a ainsi abandonné le DJ-ing il y […]
La club-culture anglaise a mal aux cheveux. Réveil pénible, après presque quinze ans de débauche, d’euphorie et de sons en mouvement. Les magazines dance ferment leurs portes les uns après les autres. Les vastes clubs cuméniques mettent la clé sous le paillasson.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Simon Ratcliffe, moitié de Basement Jaxx, a ainsi abandonné le DJ-ing il y a deux ans, lassé d’acheter des montagnes de disques qu’il ne jouait qu’une fois sur ses platines. Libéré de ses obligations contractuelles ? faire lever les poings sur les dance-floors de la terre entière ?, il a redécouvert la musique : un plaisir inouï qui peut aussi s’apprécier seul, sur un canapé. Une révélation dont Kish Kash, le nouvel album de Basement Jaxx, porte fatalement les séquelles.
Sur son précédent album, Rooty, Basement Jaxx usait et abusait d’une imagerie simiesque. Pourtant, plus la moindre trace de singes savants, encore moins de singeries éventées, dans le vaste Barnum de Kish Kash. A la place, une ménagerie monstrueuse d’acrobates, de jongleurs et de voltigeurs sans filets. Et même une femme à barbe, connue dans le rock’n’soul pour ses biceps et ses ramponneaux foudroyants : Lisa Kekaula, harpie des Américains BellRays. Et aussi une femme-panthère, Siouxsie, qui n’avait pas chanté depuis des décennies avec une telle furie, une telle sensualité que sur Cish Cash. D’autres freaks auraient pu faire partie de la parade, si seulement Basement Jaxx avait réussi à les attirer dans sa tanière : Prince ou Missy Elliott auraient pu rejoindre Me Shell NdegéOcello ou Dizzee Rascal sur ce plantureux album, où ces savants fous abusent férocement de la colle.
Basement Jaxx, une fois encore, écrit la bande-son idéale d’un été à Londres, quand les fenêtres ouvertes dégueulent sur le trottoir leurs musiques contradictoires. Du rock, du reggae, de la house, de la techno, des rythmes latins et caraïbes’ Il y a du Sandinista, le fondamental melting-pot du Clash, dans cette façon de tenir l’antenne en direct de la rue. En parlant de rue, on sent qu’ici l’album de The Streets a marqué les esprits : l’influence de leur cerveau Mike Skinner irradie le magnifique If I Ever Recover, ballade complexe et mélancolique sur beats en miettes et cordes lancinantes. Et comme il doit y avoir une voisine espagnole à Brixton, une guitare flamenco, ivre et morveuse, illumine encore et toujours ce nouvel album.
Avec ses faux airs de trip-album, en flux tendu, en mouvement perpétuel sans le moindre angle droit, Kish Kash visite ainsi, en conquérant, une impressionnante palette de sons et d’ambiances.
{"type":"Banniere-Basse"}