[Milan Kundera est mort ce mardi 11 juillet. En 2021, nous évoquions la sortie en poche de “La Plaisanterie”] Perçu à l‘époque comme un geste d’opposition courageux, le roman du Tchèque est aussi une ode mélancolique à la jeunesse, la liberté et l’anarchie.
Publié en Tchécoslovaquie en 1967, le premier roman de Milan Kundera, arriva en France à la fin du Printemps de Prague, trois semaines après l’invasion russe d’août 1968. Le livre dut à cette coïncidence un accueil enthousiaste du public et de la critique qui, outre ses qualités littéraires évidentes, le comprirent comme un geste courageux d’opposition idéologique.
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Kundera devenant par la suite un auteur proscrit par l’occupant russe, cette lecture politique prédomina. “La Plaisanterie eut ainsi le malheur d’être perçu comme une sorte de document sociologique ou de manifeste politique”, explique François Ricard dans la postface, une critique de “toutes les formes d’autoritarisme contre quoi se dressaient les “forces vives” de l’époque, une époque qui était celle de la jeunesse triomphante, de la libéralisation des mœurs et de Mai 1968.”
Ce roman à la première personne est surtout une excellente œuvre de fiction, qui saisit l’atmosphère de cette année-là. Sa dimension scandaleuse pour l’époque réside surtout dans ces pages dédiées aux ébats sexuels du personnage principal, décrits dans leurs détails les plus crus.
Ainsi de cette scène où Ludvik se déchaîne avec une femme mariée, dans une chambre prêtée par un ami, dont l’acquisition est le point de départ du roman. Du pur sado (lui)-maso (elle), qui pourrait être plus difficile à écrire aujourd’hui.
La Plaisanterie (Folio), traduit du tchèque par Marcel Aymonin, révision par Claude Courtot et l’auteur, 480 p. , 8,90 €
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