Une grossesse surprise bouleverse le quotidien d’un couple mixte. D’une situation anodine, prétexte à déboulonner les préjugés rétrogrades, la pièce tire un portrait réjouissant de la France multiculturelle.
Comédie romantique aigre-douce, 9 Mois de bonheur plonge au cœur des bouleversements inévitables liés à la venue au monde du divin enfant. Le premier. Pas forcément souhaité… Quand bien même, une fois la sidération dépassée, Oumar accepte avec un enthousiasme certain ce que trente secondes de coït peuvent créer comme faille spatio-temporelle. Il découvre petit à petit ce qu’un petit provoque comme chambardements dans une vie de couple bien ordonnée.
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Malaïka et Oumar, deux personnalités fortes en gueule, ne mâchent pas leurs mots quand il s’agit d’organiser leurs vies autour de l’enfant à naître. Un certain réajustement dans leur quotidienneté est nécessaire, chacun devant accepter de mettre de côté son égoïsme. Les scènes de la vie conjugale valsent bon train, pimentées par la mixité du couple.
Il est noir, elle est arabe. Deux univers, deux cultures qui se chamaillent à coups de clichés savoureux. Et même si “le téléphone arabe est plus rapide que la 4G”, Malaïka et Oumar savent prendre le temps de polir leurs scuds pour mieux se renvoyer l’un l’autre à leurs propres travers. De Walking Dead à Titanic, en passant par une scène épique de L’Exorciste, Malaïka et Oumar jonglent avec délices entre les références à la culture populaire sans jamais s’appesantir ou s’égarer dans des fautes de goût.
Pied de nez réjouissant
Quand l’un ne veut pas que sa future fille passe son temps “dans des bars à chicha en buvant des milk-shakes au Kinder Bueno” ou “à bronzer dans les Point Soleil en disant : ‘Wallah je fais rien, c’est ma peau qui prend le soleil de ouf” ; l’autre ne veut pas qu’on l’appelle “Aminata, comme toutes les coiffeuses de Château d’Eau” car elle veut que sa fille ait “des vrais cheveux”.
Pas “raciste, mais réaliste”, 9 Mois de bonheur est un pied de nez réjouissant aux pires préjugés qui parcourent les bas-fonds de notre société. Mariage, trahison, parents, grand frère, désir, football, tout ce qui unit (et parfois désunit) un couple est passé au crible de cet humour féroce et sans concession, dépassant largement la simple situation pour raconter la France d’aujourd’hui. Pas celle, rance, qui se complaît dans les draps du populisme ; celle, rebelle, tendre et plurielle qui en est la force vive.
9 Mois de bonheur de Oumar Diaw et Fonzie Meatoug, mise en scène de Noom Diawara, avec Malaïka Belliard et Oumar Diaw. Les 17 avril, 20 septembre et 12 décembre, Espace Brassens, Mantes-la-Jolie. Le 8 juin, Le Nouveau Cap, Aulnay-sous-Bois. Le 9 novembre, Théâtre Jean-Vilar, L’Île-Saint-Denis
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