Groupe spirituel s’il en est, Big Thief revient avec un troisième album comme une invitation à l’inconnu. Une quête qui manque parfois de concret.
Adrianne Lenker n’était pas comme les petites filles de son âge. « A 10 ans, se souvient la chanteuse et guitariste de Big Thief, j’avais écrit un morceau qui s’appelait So Little Life. Elle faisait ‘So little life to live/So many words to say’.”
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Des pensées trop profondes pour une enfant, pense-t-on alors dans son entourage, mais la jeune Adrianne n’en démord pas. Née dans une communauté religieuse, qu’elle quittera dès sa prime enfance, la musicienne en herbe vit dans un espace empli de spiritualité et les questions qui l’agitent sont d’un autre niveau que Salamèche, Carapuce ou Bulbizarre ?
Tout n’est qu’atmosphère, mélodies susurrées et arrangements discrets
Quinze années sont passées dans la vie d’Adrianne Lenker, mais les interrogations perdurent. Avec le troisième album de Big Thief, la compositrice repart en quête. Le disque débute par une chanson intitulée Contact, mais c’est un leurre. Jamais la musique d’Adrianne Lenker n’a semblé si abstraite. “Mon but premier n’est pas de jouer de la musique ni de chanter, reconnaît-elle. Ça, c’est juste un moyen pour y arriver. Mon objectif est de me rapprocher de mon âme.”
Sur Masterpiece (2016) et Capacity (2017), ses deux albums précédents, le quatuor de Brooklyn était parvenu à habiller sa recherche de transcendance en vrais petits tubes folk-rock (Shark Smile, Masterpiece).
L’énergie des jeunes années, sans doute. “J’ai l’impression que ce nouveau disque est beaucoup plus entraînant. Le rythme est plus rapide, léger et joyeux.” Difficile de lui donner raison. Tout n’est ici qu’atmosphère, mélodies susurrées et arrangements discrets.
Quelques repères pour éviter que l’on ne s’y perde
“Ami ovni”, le titre de l’album, invite à tendre la main à l’inconnu. Une promesse qu’épouse parfaitement l’écriture retorse de la jeune femme. “J’utilise beaucoup l’open tuning. Généralement, c’est la guitare qui guide ma façon de composer. La guitare est ce paysage que je vais explorer et où règne beaucoup de mystère. Il y a tellement de mystères dans nos vies, poursuit-elle.
“Mais j’aime bien cette idée de ne pas savoir, de maintenir une certaine curiosité” – Adrianne Lenker
C’est facile d’avoir envie de créer une sorte de stabilité, de trouver des réponses. Les religions et la philosophie ont tenté d’apporter des réponses concrètes sur ce que sont Dieu et la mort. Mais j’aime bien cette idée de ne pas savoir, de maintenir une certaine curiosité. Interagir avec le mystère et l’accepter. Admettre la part d’inconnu en chacun de nous et chez les autres.”
Dans sa méditation, le groupe donne tout de même quelques repères pour éviter que l’on ne s’y perde. Deux chansons, From et Terminal Paradise, existaient déjà dans une forme plus dépouillée sur l’album solo de la chanteuse paru l’automne dernier (Abysskiss, 2018).
C’est d’ailleurs quand elle prend seule la guitare qu’U.F.O.F. décolle enfin. “Des mensonges dans les yeux”, chante alors Adrianne Lenker sur Orange, placé très justement au centre du disque. Peut-être sa manière de confesser que son périple ésotérique l’est parfois trop.
U.F.O.F. (4AD/Wagram)
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