C’est en imaginant une nouvelle BO pour Le Locataire de Polanski que le groupe suédois trouve une voie plus personnelle. Et signe des bijoux de pop mélancolique.
En matière de pop music, la frontière est parfois mince entre les gardiens du temple et les pilleurs de tombes. Malgré l’écho de son précédent album To Where the Wild Things Are… (2015), Death and Vanilla a souvent fait grincer les dents des fans de Broadcast, jugeant durement une certaine similarité esthétique entre les deux formations.
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Dès les premières mesures de son nouveau long format, le trio originaire de Malmö semble affirmer une certaine prise de distance avec les atmosphères baroques typiques du groupe de la regrettée Trish Keenan (lui-même très imprégné de The United States of America, pionnier dans les 60’s de l’incursion des synthétiseurs dans le rock).
Moins électroniques, plus organiques, les arrangements de ces huit morceaux évoquent étonnamment une certaine French Touch du début des années 2000, celle de Rob, Mellow ou Air période Premiers symptômes (1997). On y retrouve la même élégance mélodique chaleureuse et ensoleillée, loin des climats noirs et parfois légèrement claustrophobes des premières sorties de Death and Vanilla.
Peut-être conscients de leur appétence pour la contrefaçon et avant même l’enregistrement de cet album, Marleen Nilsson, Anders Hansson et Magnus Bodin ont réimaginé entièrement la bande originale du film Le Locataire (1976) de Polanski.
Ce travail leur aura peut-être permis d’expier certaines obsessions (library music, krautrock) et de trouver une voie plus personnelle et mature. Ici, ils tutoient sur les morceaux les plus réussis les sommets de la pop mélancolique moderne, notamment ceux atteints par Blonde Redhead avec Misery Is a Butterfly en 2004 (référence frappante sur Mercier).
C’est en optant pour la concision que le groupe fait des merveilles : A Flaw in the Iris évoque l’influence spectrale de Cocteau Twins, tandis que Vespertine invite les Mamas & Papas à une fête triste sous Xanax. Avec Are You a Dreamer?, Death and Vanilla offre donc un joli trip entre pop rétrofuturiste et ambiances cinématographiques. Sans pour autant se montrer totalement capable de dépasser les jeux de références et les clins d’œil stylistiques.
Death And Vanilla Are You a Dreamer? (Fire Records/Differ-Ant)
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