Un athlète homophobe est forcé de coacher une équipe de water-polo LGBT. De bonnes intentions mais un traitement très lourd dans cette comédie de Cédric Le Gallo et Maxime Govare.
Un vice-champion du monde de natation, homophobe, est contraint d’aider Les Crevettes pailletées, une équipe de water-polo homosexuelle plus préoccupée par la gaudriole que par la compétition, à se qualifier pour les Gay Games (version LGBTQ des JO).
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Une joie et une souffrance
Premier long métrage de Cédric Le Gallo, qui s’est inspiré de son expérience dans une véritable équipe de water-polo gay, et troisième film de Maxime Govare (Daddy Cool, Toute première fois), venu prêter main forte (mais on a plutôt envie de dire main lourde) à l’écriture et à la réalisation du film, Les Crevettes pailletées est une joie et une souffrance.
On peut d’abord se réjouir de voir ce Grand Bain queer lorgner à ce point du côté de la comédie française grand public. Signe des temps qui changent, le succès en salle qu’on prédit au film acte le décloisonnement des films gays du seul champ du cinéma d’auteur indépendant.
Le parti pris du film est de faire de l’homophobie une honte devant être lavée
Hors de l’Hexagone, le phénomène n’est pas nouveau et constitue le modèle avoué du film (Pride, Priscilla, folle du désert). Alors bien sûr on se souvient de La Cage aux folles (1978) et de Pédale douce (1996), mais le comique de ces deux films reposait sur la dissimulation de l’homosexualité à travers le travestissement, autrement dit sur l’homosexualité comme tabou honteux.
Le parti pris des Crevettes pailletées est de renverser ce postulat en faisant de l’homophobie une honte devant être lavée et de l’homosexualité une orientation largement soutenue par la société.
Les pires défauts de la comédie grand public
Mais ce mouvement d’ouverture ne s’opère pas sans qu’il s’y charge au passage des pires défauts de la comédie grand public, à savoir une certaine beauferie et une façon de dresser les minorités les unes contre les autres, dans une avalanche de clichés. Ainsi les lesbiennes y sont dépeintes comme des camionneuses et les Nordiques, comme des Vikings agressifs.
Pire, lorsque son équipe s’ébroue dans l’eau, leur entraîneur dit à sa copine: “Ce sont des Mongols !” Et sa copine de le corriger: “Non chéri, on dit des mongoliens.” A nous de leur dire non, ni l’un ni l’autre.
Les Crevettes pailletées de Cédric Le Gallo et Maxime Govare, avec Alban Lenoir, Nicolas Gob, Michaël Abiteboul et Geoffrey Couët (Fra., 2018, 1h40)
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