La suite des mésaventures du tueur à gages qui rêve de devenir acteur. Malgré un parti pris franchement burlesque, la saison 2 de la série semble peu à peu rattrapée par sa noirceur profonde.
Barry a surgi sur nos écrans à la faveur d’un déraillement miraculeux. Par une succession de hasards, son personnage principal, ancien marine traumatisé par la guerre et reconverti en tueur à gages, entrait dans un cours de théâtre en suivant une cible et finissait par prendre part à un exercice d’improvisation.
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Irrésistiblement attiré par l’univers du jeu, il y retournait le lendemain, puis les jours suivants, jusqu’à intégrer la troupe. Le costume d’un soir devenait une nouvelle peau seyante et la parenthèse suspendue, une voie possible vers la réinvention d’une existence.
Un pied dans chaque monde
Malgré son efficacité comique, la première saison de la série créée par Alec Berg et Bill Hader (qui en est également le formidable interprète principal) ne s’était pas maintenue à la hauteur de ses promesses. Incapable de choisir entre le masque du tueur et celui de l’acteur, Barry Berkman évoluait à mi-chemin entre deux mondes, ou plutôt un pied dans chaque, déployant des trésors d’ingéniosité pour éviter leur rencontre.
Les scénaristes, quant à eux, tournaient le dos à la mélancolie pour s’engager dans une caricature féroce des deux univers : au pathétique de la troupe d’acteurs autocentrés répondait le ridicule d’une galerie de gangsters d’opérette. A force de dérision, une forme de pacte avec le spectateur se brisait, et le destin de Barry apparaissait moins émouvant.
Ce nouveau chapitre persiste dans une mécanique burlesque empruntée au cinéma des frères Coen, Fargo en tête : redoutable de précision comique mais un peu froide. Alors que Barry se résout à abandonner définitivement son ancienne vie, la troupe tente de surmonter la dépression de son metteur en scène, marqué par la disparition de la détective Moss.
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L’inspecteur Loach, collègue de cette dernière, se rapproche dangereusement de Barry et utilise son mentor Fuches pour le piéger.
Peu à peu, une certaine noirceur suinte dans les replis de ce jeu du chat et de la souris, comme si la série était travaillée en creux par sa violence refoulée. Les comédiens abandonnent les imitations tièdes pour exorciser leurs traumas par l’écriture, les mafieux traversent une crise existentielle, et Barry n’arrive pas à échapper à la spirale criminelle qu’il a contribué à enclencher.
Bas les masques
L’épisode 5, farce sanglante au bord du ridicule, semble marquer un tournant narratif : empêtré dans une mission d’assassinat qui dégénère au-delà des limites de la vraisemblance, le personnage est assailli par des images de son passé militaire. Le réel prend les contours d’une simulation et le rêve, la puissance d’une lame de fond.
Barry s’emballe, hyperventile, ferme les yeux : il étouffe. Le numéro d’équilibriste est devenu insoutenable, il faut s’extraire une fois pour toutes de la représentation et faire tomber les masques.
Barry d’Alec Berg et Bill Hader, avec ce dernier, Stephen Root, John Pirruccello. Saison 2 sur OCS
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