Portrait d’une bande de New-Yorkaises rayonnant d’une énergie féministe, la nouvelle livraison d’HBO agite les signaux du cool avec beaucoup d’insistance et manque de consistance dramatique.
En 2017, la réalisatrice Crystal Moselle improvisait le long métrage Skate Kitchen à partir des figures saillantes du groupe Instagram éponyme, consacré à un crew de skateuses new-yorkaises. En copiant son ADN presque à l’identique, son adaptation en minisérie ancre l’énergie féministe sur les planches à roulettes et capte la chimie adolescente au ras du bitume et à fleur de peau. Ecosystème mouvant et parfois conflictuel, le skatepark accueille un corps collectif en perpétuelle recomposition de désirs et d’affects.
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Saisies dans un état de vacances éternelles (l’école et le travail sont relégué·es au hors-champ du récit), Kirt, Janay, Honeybear, Indigo et Camille agitent la ville de leurs prouesses sportives et de leurs conversations déliées. En prenant leur place dans un milieu à dominante masculine, la bande de filles bouscule les stéréotypes de genre et invente au quotidien une sororité lumineuse.
Supervisé par Lesley Arfin, le passage à la forme sérielle laisse aux personnages le temps de respirer en dehors des sentiers plus étroits de la fiction ciné, et à sa créatrice, d’affûter son regard documentaire sur la durée. Diffracté en micro-événements éphémères, le récit manque cependant de consistance, et s’encombre de passages dispensables (un épisode sous psychotropes) et d’arcs secondaires trop didactiques.
Chercher la belle image à tout prix
Embrassé par une caméra à l’épaule ondoyante et soutenu par une BO electro rap résolument hype, le ballet impressionniste des corps à l’effort n’évite pas les écueils du cinéma indépendant américain et peine à sédimenter un véritable point de vue. En cherchant la belle image à tout prix plutôt que le plan juste, la mise en scène tourne un peu à vide et ne parvient pas à résonner avec le trouble et le mauvais esprit qui faisaient palpiter ses modèles avoués, du Kids de Larry Clark au Paranoid Park de Gus Van Sant.
Ce manque de rugosité pourrait être relié aux origines Instagram du projet, dont il ne parvient pas vraiment à se détacher. Entre surabondance de marques et de logos, transgression policée et envolées clipesques, Betty donne parfois l’impression de regarder une campagne de mode streetwear et peine à nous convaincre de la marginalité de ses figures issues de l’épicentre du cool.
Betty sur OCS à partir du 2 mai
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