Ce mardi 26 juin, à l’aube, les forces de police ont délogé près d’une soixantaine de migrants qui habitaient le bâtiment A de l’université Paris 8 (Saint-Denis) depuis près de cinq mois.
Une intervention de CRS a sonné le glas de l’occupation de l’université Paris 8, à Saint-Denis, par une soixantaine de migrants qui avait commencé le 30 janvier dernier, en période de grand froid. Avant d’avoir un véritable toit sur la tête, les exilés – majoritairement originaires du Soudan, d’Érythrée et d’Afrique de l’Ouest – dormaient dans un campement d’infortune dans la capitale.
Des cas de gale mettent le feu aux poudres
Pendant ces cinq mois, l’université Paris 8 a été le théâtre d‘une grande opération de solidarité. Une organisation bien rodée s’est mise en place dès le début de cette aventure entre collectifs d’étudiants et habitants de l’aile de l’université, réservée à ces derniers, pour assurer la propreté des lieux.
Environ 150 personnes encerclées par la police dans l'université #Paris8 en cours d'expulsion pic.twitter.com/aZ9T5Ba2EQ
— Alexis Kraland (@akraland) June 26, 2018
Seulement, des cas de gale ont été découverts parmi le personnel de l’université, dont certains ont demandé à exercer leur droit de retrait. Celui-ci consiste en une prérogative d’arrêt de travail quand le salarié estime qu’un danger grave et imminent menace sa santé ou qu’il considère que le système de protection sur son lieu de travail est défectueux.
La fin de cinq mois de solidarité
Près de 70 personnes, qui avaient eu vent d’une possible intervention qui devait commencer aux alentours de 5 heures du matin ce mardi 26 juin, sont venues prêter main-forte aux exilés en formant une chaîne humaine autour d’eux et en scandant « Papiers ! » pour exiger une régularisation collective des migrants – une exigence refusée en bloc par les pouvoirs publics. Annick Allaigre, présidente de Paris 8, a toutefois transmis à la préfecture de Saint-Denis une liste de 133 personnes susceptibles d’être régularisées ; la préfecture devrait examiner si sur la liste en question, des noms correspondent à certains exilés de Paris 8.
Charge des policiers de tout les côtes de la nasse après des sommations pour attroupement mais sans laisser de sortie, gazage ensuite
— Alexis Kraland (@akraland) June 26, 2018
L’opération policière s’annonçait assez violente : les forces de police ont fait usage de gaz lacrymogène pour disperser la foule. Puis l’intervention a continué dans un calme relatif selon la vidéo d’un journaliste sur place lorsque les CRS ont escorté les exilés dans le premier car, devant les acheminer dans un gymnase du Raincy (Seine-Saint-Denis) en attendant l’examen de leur situation administrative. D’autres bus ont suivi jusqu’à ce qu’il ne reste plus aucun exilé sur les lieux, mettant fin en moins de trois heures à une occupation de longue haleine.
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