Ancco raconte les années sauvages de deux ados cernées par la violence du monde.
Avec son recueil d’histoires courtes Aujourd’hui n’existe pas (2009), Ancco dressait le portrait d’une jeunesse sud-coréenne désenchantée. Dans Mauvaises filles, d’inspiration autobiographique, elle poursuit son étude de l’adolescence à la dérive à travers le récit de Jin-joo, jeune dessinatrice qui se souvient de l’année de ses 16 ans.
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A la fin des années 1990, dans une Corée en pleine crise, Jin-joo est une ado qui fume, sort et boit en cachette. Elle est régulièrement battue par son père, patron de PME qui ne connaît pas d’autre moyen de la faire obéir. Au lycée, elle se lie d’amitié avec Jung-ae, fille d’un petit malfrat et teigne encore plus mauvaise qu’elle. En sa compagnie, elle enchaîne les frasques, se bat, fugue et tente de devenir hôtesse de bar. Quelques sales coups, fous rires et effroyables raclées plus tard, leurs chemins se séparent.
Une violence omniprésente
De son trait sec et sans concession, Ancco décrit à merveille la grisaille des lieux, la morosité de la société sud-coréenne et de l’environnement familial, qui ne donnent aucun espoir à ces gamines. Elle dépeint un environnement social où la communication et l’éducation semblent uniquement fondées sur la violence – les adultes “responsables”, parents et profs, sont d’une brutalité inouïe et transmettent cette agressivité aux enfants qui à leur tour terrorisent les plus jeunes.
Utilisés avec une très grande justesse, les allers-retours dans le présent de Jin-joo permettent d’alléger la noirceur du propos tout en donnant de la tension au récit. La Jin-joo narratrice est apaisée. Elle a trouvé sa voie et regarde son propre passé de sauvageonne avec recul. Ce qui ne rend pas le récit moins douloureux.
Mauvaises filles (Cornélius), traduit du coréen par Yoon-sun Park et Lucas Méthé, 176 pages, 19,50 €, cornelius.fr
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