De retour avec Cuz I Love You, la Texane Lizzo livre une ode à l’acceptation de soi et s’affirme comme l’une des porte-voix progressistes de la scène rap américaine.
Lizzo l’avoue sans détour : ses albums ont toujours constitué pour elle une forme de thérapie. Il y a d’abord eu Lizzobangers (2013), où cette native de Houston apprenait à se connaître, puis Big GRRRL Small World (2015), qui l’a encouragée à s’accepter.
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Sur Cuz I Love You, Lizzo célèbre l’amour de soi et le chemin parcouru. “J’ai surmonté tellement d’épreuves au cours de ces trois dernières années, relate-t-elle. Ce nouveau disque permet de les mettre derrière moi.”
Lizzo est sa propre hook girl
Ce troisième album précise davantage le son si singulier de Lizzo, à la croisée des genres entre hip-hop, soul, funk, tout à la fois chanté et rappé. “Il y a quelque temps, les rappeurs faisaient des morceaux sur lesquels ils ramenaient des filles pour les hooks, en les créditant à peine sauf si elles étaient très connues. Eh bien, moi, je suis ma propre hook girl !, s’exclame-t-elle dans un fou rire communicatif. Je rappe autant que je chante. C’est ce qui m’a permis de créer mon identité musicale.”
Outre sa versatilité, Cuz I Love You permet à Melissa Jefferson (son patronyme civil) d’embrasser sa part de vulnérabilité. Si certains titres s’inscrivent dans la lignée des hymnes percutants qu’elle avait jusqu’ici offerts (Soulmate, Tempo en collaboration avec Missy Elliott), d’autres (Cuz I Love You, Jerome) se veulent davantage mélancoliques. “Il y a des morceaux où je pleure, c’est quelque chose que je n’aurais jamais fait par le passé, confie-t-elle. Je pense que cela fait partie du fait d’être enfin une personne accomplie, qui se connaît réellement et qui accepte toutes ses émotions. Je suis forte, mais je peux aussi être vulnérable et trouver de la force dans mes larmes.”
L’estime de soi
Ce que Lizzo assume également plus que jamais, c’est sa sexualité, celle d’une femme “noire, grosse, féministe et alliée de la cause LGBTQ”, qui est parvenue à s’imposer dans un monde qui l’a trop souvent dévalorisée.
“Quand j’étais petite, j’ai lu un article expliquant que les femmes noires étaient les personnes les moins désirables de cette planète, se souvient la trentenaire. En d’autres termes, le monde entier me disait que je n’étais pas désirable. Le fait d’avoir réussi à surmonter ça, de poser pour le magazine Playboy, de parler ouvertement de mes seins et de mes fesses sur cet album, c’est pour prouver à ce monde qu’il avait tort.”
Nouvelle démonstration de sa richesse artistique, Cuz I Love You est donc aussi et surtout pour Lizzo un moyen de protester contre les standards normatifs de nos sociétés, d’imposer son propos de tolérance et de célébrer l’individualité de chacun.
La musique pour catharsis
“Je suis fière de savoir que ce que j’incarne fait écho chez plein de gens différents : ceux issus du mouvement body positivisme, les féministes, les femmes noires, les personnes de couleur, la communauté LGBTQ”, affirme-t-elle, avant de conclure.
“J’ai toujours utilisé ma musique comme une forme de catharsis, pour m’aider à avancer. Je pense que ce disque va me permettre d’aller un peu plus loin dans ma vie personnelle. En ce qui concerne l’avancée de ma carrière, advienne que pourra (rires) !”
Album Cuz I Love You (Atlantic/Warner)
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