Chaque jeudi, Les Inrocks vous proposent de découvrir un groupe ou un artiste que vous ne connaissez pas (encore). Cette semaine, détour par le nord de la Grèce où The Vagina Lips fait revivre la dream-pop façon slacker.
On ne sait pas si c’est un usage maladroit de l’anglais mais Jimmy Polioudis, le musicien derrière le projet Vagina Lips, est qualifié dans sa biographie d’artiste de “adult boy”. Homme enfant ? Adulescent ? Syndrome de Peter Pan passé à la moulinette de la nostalgie Internet ? Tout ça traverse un peu l’esprit à l’écoute des morceaux postés régulièrement par le suractif grec, originaire de Thessalonique.
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Musique façon chambre d’ado
One man band oscillant entre punk, new wave, cold wave et college rock, ce lointain cousin de Jessica93 a sorti à l’automne dernier, Generation Y, disque assez ambitieux, sous ses allures branleuses, pour donner envie d’en savoir un peu plus sur son auteur. Et ça n’aura pas été chose simple. Après l’avoir contacté via Facebook, puis par mail, il finira par ne répondre qu’à une petite partie des questions envoyées avec des formules lacunaires qui enfoncent les portes ouvertes. Le cauchemar du journaliste. “Ma musique c’est moi, qui je suis”, “J’essaie de vivre le moment” et autres “le passé c’est fantastique mais il faut aussi savoir avancer”. Peut-être faut-il savoir parfois se contenter de la musique.
Celle-ci justement se trouve nichée quelque part entre les sonorités rugueuses de l’enfance perdue de Siamese Dreams, le meilleur album des Smashing Pumpkins, et les coups de boules synthétiques de The Soft Moon. La musique de The Vagina Lips donne à entendre une version punk de la dream pop, dont on ne saura pas élucider donc si l’intention de violence est préméditée ou imposée par une certaine économie de moyens. Quoi qu’il en soit, Generation Y enchaîne les petits tubes en dévoilant une certaine profondeur derrière des allures frondeuses et rageuses typiques de la musique adolescente (et c’est une qualité).
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En écoutant les albums de Jimmy, on pense en effet souvent aux posters accrochés aux murs d’une chambre d’ado ou une mixtape du meilleur des années 1980 et 1990 qui met toutes les influences au même rang, The Cure, Nirvana, A-Ha ou Nine Inch Nails. Depuis quelque temps, le musicien grec s’empare avec bonheur des morceaux des autres pour en faire des covers très réussies, postées sur sa page YouTube. Grimes, Molly Nilsson, Simple Minds, tout passe à la même moulinette punk joviale.
Generation Y est sorti sur le label Inner Ear records, basé en Grèce et dont Les Inrocks avaient déjà retracé la petite histoire en 2017. Comme de nombreux artistes de son label, The Vagina Lips se distingue par une certaine pureté désabusée et une spontanéité qui s’expliquent peut-être par le climat social et politique de ces dernières années ou plus sûrement par une position éloignée du business traditionnel de la musique.
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“Quand j’ai trouvé ce nom, The Vagina Lips, on était encore un duo et je voulais un nom qui soit facile à se rappeler, beau et provocateur. Ça n’a pas d’importance si tu l’aimes ou pas. Une fois que tu as entendu parler d’un groupe qui s’appelle The Vagina Lips, tu t’en souviendras toute ta vie.” Il n’a pas tout à fait fort.
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