Avec vingt candidats, la primaire démocrate pour la présidentielle américaine de 2020 s’annonce difficile à suivre.
Un de plus ! Alors que Joe Biden, ancien vice-président des Etats-Unis, vient d’annoncer ce jeudi 25 avril, qu’il se présentait à la primaire, le parti démocrate atteind les vingt candidats pour briguer la présidence américaine en 2020. La campagne débutera officiellement en juin prochain avec un premier débat. Entre février et juin 2020, les Américains pourront voter dans différents Etats pour choisir le candidat qu’ils souhaitent voir en face de Trump au moment de l’élection présidentielle de novembre 2020. Pour y voir plus clair dans cette masse de candidats, Les Inrocks ont scruté leurs profils et leurs propositions.
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Ceux qui incarnent la nouvelle identité démocrate à gauche : Bernie Sanders, Elizabeth Warren, John Hickenlooper et Andrew Yang
Le candidat très populaire de la primaire 2016, Bernie Sanders, à 77 ans, est le visage d’une nouvelle identité du parti démocrate marquée très à gauche. Trois ans plus tard, il reprend deux idées phares de son programme : Medicare for all – une couverture sociale pour tous les citoyens, financée par l’Etat et s’affranchissant des entreprises privées – et l’université publique gratuite. Cette seconde proposition est reprise par Elizabeth Warren, sénatrice du Massachusetts depuis 2012. La candidate de 69 ans va même plus loin que Bernie Sanders en proposant de supprimer la dette des prêts étudiants qui s’élève à 1 500 milliards de dollars. Elle prévoit de financer cette exonération en créant une taxe pour les Américains possédant plus de 50 millions de dollars d’actifs.
Elizabeth Warren souhaite supprimer la dette étudiante.
L’ancien maire de Denver et ex-gouverneur du Colorado, John Hickenlooper (67 ans) utilise son expérience locale pour présenter les thèmes qui lui tiennent à cœur. Dans sa première vidéo de campagne, il rappelle qu’il a fourni une couverture sociale à presque 95 % des habitants du Colorado et qu’il a rendu obligatoires les vérifications d’antécédents pour les ventes d’armes.
L’une des propositions paraissant comme l’une des plus à gauche vient d’Andrew Yang, un outsider sans expérience politique, de 44 ans. Cet entrepreneur souhaite instaurer un revenu universel de 1 000 dollars financé par le gouvernement.
Ceux qui misent sur le long terme pour améliorer les conditions de vie des Américains : Cory Booker, Kirsten Gillibrand et Marianne Williamson
Tous les candidats à la primaire démocrate promettent un futur plus heureux aux électeurs s’ils sont élus. Parmi eux, certains misent sur des réformes sociales importantes afin d’aider les familles, et surtout les enfants. Cory Booker, 49 ans, ancien maire de Newark, ville voisine de la Grande Pomme de près de 300 000 habitants, prévoit une loi pour que les enfants les plus pauvres aient le possibilité de recevoir à leur majorité une somme d’argent qui aura été mis de côté par l’Etat en fonction des revenus de leurs parents. Cet American Opportunity Accounts Act pourrait offrir jusqu’à 46 000 dollars à un enfant d’une famille de quatre personnes qui percevrait moins de 25 000 dollars par an.
Kirsten Gillibrand, 52 ans, sénatrice de l’Etat de New York, met la famille et sa sécurité en avant à travers deux lois qu’elle défend : le Family Act et le Moms Act. Le premier prévoit un congé parental pour tous – aujourd’hui, les entreprises ne sont pas obligées de payer les parents qui viennent d’avoir un enfant – tandis que le second vise à réduire les complications de grossesse qui mènent parfois au décès des mères en couche. En 2015, une étude montrait que le taux de décès des mères au moment de l’accouchement avait augmenté (26,5 morts pour 100 000 accouchements) alors qu’il diminuait dans les autres pays développés (9,2 au Royaume-Uni, 7,8 en France et 3,8 en Finlande).
Une candidate, bien qu’inexistante dans les sondages, se démarque. Marianne Williamson, auteure de livres sur le développement personnel, met en avant le pouvoir de l’amour, notamment avec son dernier livre, A politics of Love : A Handbook for a New American Revolution. Cette femme de 66 ans originaire du Texas prévoit dans ses propositions de campagne de créer un ministère pour les enfants et la jeunesse qui mettrait en place, entre autres, un congé parental, une couverture sociale pour les femmes enceintes et leurs enfants, ou encore de la nourriture de meilleure qualité servie dans les écoles publiques.
Ceux qui nous rappellent que le parti démocrate n’est pas vraiment à gauche : Joe Biden, John Delaney et Amy Klobuchar
Joe Biden a annoncé sa candidature à la primaire démocrate ce jeudi.
Au sein du parti démocrate, il y a l’aile gauche, incarnée par Bernie Sanders et il y a ceux qui nous rappellent qu’un pan plus centriste et modéré existe. Joe Biden, vice-président de Barack Obama pendant ses deux mandats, est la figure qui personnifie ce côté du parti. En décembre 2018, le média américain Vox avait décrypté ses discours et en avait tiré quelques conclusions. Les propositions de Joe Biden se concentreront plus sur les travailleurs que sur les tranches de population les plus pauvres du pays. Il prévoierait un impôt « plus sympathique aux investisseurs qu’aux travailleurs » d’après le média. Par ailleurs, dans ses précédents discours ,le démocrate de 76 ans n’a pas mentionné ni le réchauffement climatique ni la question de la couverture sociale, deux problématiques situées à gauche.
John Delaney (56 ans), lui, n’hésite pas à se qualifier de “capitaliste”. Il veut rendre le capitalisme “plus juste et inclusif”. Toutefois, il a fait des propositions marquées à gauche comme l’instauration d’une taxe carbone ou encore la réduction du coût du prêt étudiant et la multiplication de bourses permettant aux lycéens les plus démunis d’accéder à l’université.
De son côté la sénatrice Amy Klobuchar (58 ans) souhaite reconquérir les Etats ruraux qui avaient voté pour Trump en 2016 en proposant des mesures bipartisanes pour améliorer les infrastructures du pays et la protections des données personnelles en ligne. Cele signifie qu’elle envisage de travailler main dans la main avec le parti républicain pour achever ces travaux.
Ceux qui jouent sur leur passé militaire : Pete Buttigieg, Seth Moulton et Tulsi Gabbard
A chaque campagne, son lot de candidats surprises. Cette année, chez les Démocrates, c’est Pete Buttigieg qui sort de l’anonymat pour être propulsé sur le devant de la scène – et pas seulement parce que les Américains ont du mal à prononcer son nom. Maire d’une petite ville de l’Indiana, ce candidat a plus d’un tour dans son sac pour impressionner. Du haut de ses 37 ans, il est le plus jeune des candidats à l’investiture. Il parle sept langues et assume son homosexualité sans en faire son premier argument politique. Et surtout, Pete Buttigieg est un vétéran. Il a passé sept mois en Afghanistan pour la Navy américaine et c’est avec cet élément qu’il entend asseoir son autorité.
Pete Buttigieg est souvent placé à la troisième place dans les sondages, derrière Joe Biden et Bernie Sanders.
Il n’est pas le seul à jouer la carte de son passé militaire pour se faire une place parmi les nombreux aspirants. C’est également le cas de Seth Moulton, candidat de 40 ans, tout juste déclaré le 22 avril, et Tulsi Gabbard, 38 ans, membre du Congrès à la Chambre des représentants pour l’Etat d’Hawaii. Cette dernière s’est notamment attirée les foudres du parti pour avoir eu des propos anti-LGBT par le passé – pour lesquels elle s’est excusée sur Twitter – et pour avoir rencontré Bachar al-Assad, le président syrien, en janvier 2017, pour discuter du désengagement des Etats-Unis dans la guerre qui agite le pays depuis 2011.
Aloha. In my past, I said and believed things that were wrong, and worse, hurtful to people in the LGBTQ+ community and their loved ones. I’m deeply sorry for having said and believed them. https://t.co/BWlOBk9ZnN
Ceux qui veulent bannir les armes à feu : Eric Swalwell, Wayne Messam et Kamala Harris
Aux Etats-Unis, les fusillades ne cessent de se répéter. Le site Gun Violence Archive recense 4 272 morts par balle depuis le début de l’année 2019. En 2018, le New York Times faisait état de presque 40 000 morts sur l’année. Des chiffres qui font froid dans le dos. Si quasiment tous les candidats démocrates prévoient un contrôle des armes plus important, certains ont prévu d’en faire leur lutte numéro un pour la campagne des primaires. Eric Swalwell, 38 ans, par exemple, prévoit une interdiction totale des armes semi-automatiques et des fusils d’assaut en stoppant leur vente et en rachetant celles déjà vendues. Wayne Messam, maire de Miramar en Floride de 44 ans, un Etat touché par de nombreuses tueries de masse comme celle de Parkland en février 2018 (17 morts) et celle d’Orlando en juin 2016 (49 morts), compte également faire bouger les choses de ce côté-là. Il n’a pas encore donné de proposition précise.
Kamala Harris, qui fait partie des cinq premiers candidats d’après les sondages, souhaite également interdire les armes de guerre. « Dans ce pays, nous avons besoin de lois raisonnables concernant le contrôle des armes, à commencer par une vérification des antécédents généralisée et un renouvellement de l’interdiction des armes de guerre », a-t-elle déclaré à CNN. Originaire d’Oakland, Kamala Harris, 54 ans, a été procureure générale de Californie de 2011 à 2017.
Kamala Harris est une figure montante du parti démocrate.
Les écolos : Jay Inslee et Tim Ryan
L’unes des questions les plus clivantes entre le parti républicain et le parti démocrate est celle du réchauffement climatique. Des contradicteurs d’un côté, des défenseurs du climat de l’autre. Jay Inslee, gouverneur de Washington, se présente comme le plus vert des candidats démocrates. Cet ancien membre du Congrès de 68 ans souhaite que tout le gouvernement se mobilise pour l’environnement. « Toutes les agences fédérales doivent être de la partie, cela doit être la priorité sur tout ce qu’on fait », a-t-il annoncé à Rolling Stone. Tim Ryan (45 ans) semble également prendre cette cause à cœur. Il a promis que le pays se réengagerait dans l’Accord de Paris s’il était élu.
Les pro-immigration : Julián Castro et Beto O’Rourke
Last but not least, l’immigration est un autre point qui divise profondément les deux principaux partis des Etats-Unis. Julián Castro, 44 ans, prévoit de réformer l’ensemble du système d’immigration s’il est élu président. Il compte renforcer la politique de réunification familiale et faciliter l’obtention de la citoyenneté aux familles qui vivent, travaillent et élèvent leurs enfants aux Etats-Unis. Pour faire entendre son message, il a prévu de visiter les 50 Etats du pays lors de la campagne des primaires. Beto O’Rourke, 46 ans, candidat déçu pour les sénatoriales au Texas face à Ted Cruz en novembre 2018, s’engage également sur ce terrain. Il a promis de faire tomber le mur à El Paso au Texas, sa ville natale et plus grande ville frontière avec le Mexique.
Le premier débat pour débuter les primaires du parti démocrate aura lieu le 26 juin prochain à Miami. Pour y participer, les candidats annoncés doivent réunir 65 000 donateurs uniques et obtenir au minimum 1 % dans trois sondages d’opinion. Le parti a choisi de réunir vingt candidats maximum sur le plateau.