Parlement offre une vision pertinente de la vie du Parlement européen. Une série française politique et sentimentale qui brille par son esprit satirique.
Une série politique française sur le Parlement européen ? Quelque chose nous dit qu’il y a encore quelques années, il n’en aurait même pas été question. Mais l’état de la production a changé et les sujets se sont heureusement élargis, comme le prouve la nouvelle venue Parlement, mise en ligne sur France.tv. On y suit Samy (excellent Xavier Lacaille), tout jeune attaché parlementaire débarquant à Bruxelles, où il découvre que son député en connaît encore moins que lui sur les rouages de la gigantesque Chambre européenne.
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Incompétence, cynisme, drôlerie involontaire… On croise un casting international où un jeune Allemand insupportable et une Anglaise pro-Brexit absolument révoltante sortent du lot. Comment faire pour que ces langues et ces points de vue s’entendent, quand personne n’y met du sien ?
Satire et regard pointu
Le point de départ de Parlement est donc largement satirique, dans une lignée de burlesque froid qui viendrait de The Office, The Thick of It et surtout Veep, où il était question d’une femme politique à l’incompétence magistrale. Bien maîtrisé ici, le format en épisodes de 26 minutes aide à la comparaison, qui ne paraît pas exagérée pour une fois.
Star montante du scénario (il avait notamment signé Dheepan avec Jacques Audiard), le créateur trentenaire Noé Debré connaît ses classiques contemporains décalés. Il a aussi l’intelligence de ne pas baisser la garde sur l’exploration finalement plutôt sérieuse des coulisses de la Chambre la plus méconnue du système démocratique continental. Quand Samy se retrouve malgré lui à proposer un amendement sur la pêche au requin, tout un système de réunions, négociations de couloir et lobbying se met en place, que Parlement ne lâche pas du regard.
La critique de l’immobilisme politique, un peu facile, est rendue plus complexe par la mise en avant de l’attitude des populistes européens, qui font à peu près tout pour gripper la machine et tirer les autres vers le bas. Un constat ultra-contemporain, alors même que les tensions internationales par temps de pandémie (vols de masques, blocages des eurobonds) soulignent les fractures à l’œuvre dans l’UE. Dans sa modestie même, imposée par le manque de moyens, Parlement a cette ambition de pertinence. Même si ce qu’on préfère chez elle se trouve encore ailleurs.
Un mélange d’humour et de fragilité
Dans la deuxième partie de saison (la série compte 10 épisodes), sa nature profonde se transforme et semble même se révéler, celle d’une comédie de caractère presque sentimentale, où les personnages prennent subitement une épaisseur émotionnelle que nul ne leur soupçonnait, y compris sans doute eux-mêmes. Le ton s’adoucit un peu et une pointe de premier degré finit même par survenir entre les blagues.
La réalisatrice Emilie Noblet (qui met en scène un épisode sur deux, les autres étant confiés à Jérémie Sein) apporte son sens de la direction d’acteur·trices, entièrement tendu vers un mélange d’humour et de fragilité. Elle avait déjà mis en scène le pilote d’Irresponsable et la série HP sur OCS l’an dernier. Le renouveau des séries françaises passe aussi par son regard.
Parlement saison 1 sur France.tv
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