Un plaisir qui dure depuis 2144 ans, cela ressemblerait à quoi ? A un appel immémorial et irrésistible ancré dans la mémoire d’une terre. A une exigence de réinvention permanente. Chaque printemps depuis l’antiquité, les vignes de Côtes du Rhône – qui s’étendent du sud de Lyon jusqu’à Avignon, de la Drôme en passant par le Rhône, le Gard, la Loire et le Vaucluse – engloutissent les rayons du soleil avec un féroce appétit. C’est pour ce climat et ces vents que les Romains y établirent la plus grande terre viticole de leur ère, créant les villes de Vaison-la-Romaine, Avignon ou Vienne…
Les vins issus de ce terroir magique ont traversé les âges sans afficher une ride – une qualité qui n’est pas donnée à tout le monde, avouons-le. Ces nectars précieux et profonds ont prospéré sous le règne des Papes, survécu aux épidémies de Phylloxéra et trouvé leur place sur les tables étoilées, comme dans les fêtes exaltées du samedi soir. Il s’en produit aujourd’hui plus de 300 millions de bouteilles par an, dégustées sur les cinq continents. Ce sentiment d’une longue histoire immédiatement transférée dans le verre assure à ceux ou celles qui dégustent ces vins le plaisir de l’authentique. Devant ces rouges au caractère solaire, ces blancs pleins de matière, ces rosés gavés de peps, tout se libère. Les occasions de les boire n’ont rien d’automatique ou de préétabli. Tout porte à se laisser guider par le désir de vivre un instant qui ne reviendra pas, en terrasse, dans l’intimité d’un salon, au bord d’un lac, avec l’amour de sa vie ou pourquoi pas des inconnu.e.s…
Les Côtes du Rhône et Côtes du Rhône Villages accompagnent une multitude de décors et de moments parce qu’on y trouve bien plus que du raisin fermenté : une mémoire vivante, un passeport vers le goût guidé par une diversité sans cesse renouvelée. Au-delà des modes, on revient vers ces vins de plaisir et d’exigence sans jamais avoir l’impression de tout en connaitre. Car celles et ceux qui les fabriquent sont près de 5000 vigneronn.ne.s et professionnel.le.s aux profils toujours plus variés, à l’image de leurs terroirs. Goûter leurs vins, c’est entrer dans un monde capable de respecter une culture ancestrale et d’en inventer simultanément une nouvelle, ouverte et généreuse, débarrassée des évidences obsolètes.
On ne dira jamais assez à quel point les bons vins trouvent leur personnalité dans la dynamique qui s’installe entre un savoir-faire et un territoire. La spécificité géographique donne aux vins de Côtes du Rhône leur singularité, quand le ciel, la terre et l’eau entrent dans une danse complexe et vertueuse. Ici, la route des vins s’enlace autour du Rhône sur près de 200 kilomètres. Durant des millions d’années, le fleuve a déposé ses alluvions sur les coteaux où se nichent désormais les vignes, leur assurant une précieuse minéralité. Le vent, quant à lui, joue un rôle majeur dans la tenue du vignoble. Avec le soleil, le mistral est en effet le meilleur allié des vins de Côtes du Rhône. En asséchant les vignes, il les assainit et permet de réduire l’intervention humaine.
Les Côtes du Rhône et Côtes du Rhône Villages présentent tous des caractères particuliers qui leurs interdisent la banalité. Des vins d’assemblage minutieux soutenus par un savoir-faire ancestral, des bouteilles à ouvrir sur une impulsion à celles que l’on fait vieillir avec nous, toutes les combinaisons sont possibles. 21 villages comme Sablet, Visan ou encore Séguret, ont le privilège de voir leur nom sur les bouteilles de Côtes du Rhône. En maîtrisant le rendement des vignes, les vigneron.ne.s tirent de leur terre le meilleur. Parmi les cépages plus dégustés, les starisés Syrah et Grenache tiennent le haut du pavé, mais la Roussanne, le Cinsault, la Clairette, le Viognier ou encore le Carignan sont autant de prétextes à voyager sans limites… On peut aussi choisir de ne pas s’attarder sur les étiquettes pour simplement laisser entrer le soleil. La curiosité et l’instinct suffiront. Il n’y a pas d’heures et surtout pas de règles pour aimer des vins des Côtes du Rhône et Côtes du Rhône Villages.