Bien aidé par le beau temps, la Magnifique Society s’est clôturé en beauté malgré quelques déceptions musicales.
Angèle, la cruelle loi de Murphy
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Ce dimanche 17 juin beaucoup avaient fait le déplacement pour observer le phénomène belge en action. Si tout commence sur des bases solides pour le public avec La Thune, Angèle est frappée par la Loi de Murphy. Minée par les problèmes techniques, la jeune femme va, tant bien que mal, assurer sa performance. Si elle perd quelques personnes en chemin avec ses sucreries pop de début de set, Angèle finit par reprendre du poil de la bête avec Flou, un morceau écrit récemment qui revient sur les affres de sa célébrité soudaine. Une production surprenante, inspirée par les percussions UK garage qui aura pour effet de réveiller un public un peu tiède. Ne bénéficiant que d’une petite trentaine de minutes pour convaincre son auditoire, alors qu’Eddy De Pretto se prépare sur la scène voisine, Angèle enchaîne son tube Je Veux Tes Yeux suivi de La Flemme qui clôture le concert. Une performance fébrile mais étonnamment touchante, surtout lors de ce problème technique qui a donné naissance au meilleur moment du concert : une version piano-voix complètement inédite et improvisée de l’une de ses chansons.
Eddy De Pretto, kid de l’époque
Profitant de l’arrivée tardive des festivaliers et des déserteurs d’Angèle, Eddy De Pretto s’est retrouvé devant une foule massive moitié fans, moitié curieux. Auteur d’un album passable en début d’année, Eddy doit maintenant convaincre sur les scènes de France et de Navarre. Sa performance au Magnifique Society s’est révélé très réussie pour peu qu’on adhère à la scansion du jeune homme et à ses tics de production. On regrettera d’ailleurs l’absence d’un véritable backing-band, parfaitement capable de reproduire les instrus de Cure son premier album, à la place d’une simple batterie accompagnant les bandes des morceaux. Car, si la voix d’Eddy De Pretto est impeccable et profite d’un travail d’ingénierie du son très léché, le tout manque de souffle. Malgré une fascination des festivaliers qui ne décrochent pas leurs regards de la scène, ces derniers peinent à réagir au-delà des premiers rangs. Heureusement que Kid et La Fête de Trop rattrapent ce concert réussi mais trop sage, et ce, des deux côtés des barrières de sécurité.
Tshegue, la machine à tubes
Après les deux révélations pop il fallait bien un peu de fureur pour réveiller le public rémois. C’est chose faîte avec Tshegue, le groupe afro-punk emmenée par la furieuse Faty Sy Savanet. La formation envoie décharge sur décharge passant en revue une courte discographie déjà blindée de tubes qui attaquent les jambes. Devant un foule clairsemée (décidément la scène Club n’aura pas eu le succès qu’elle mérite), Tshegue déverse son énergie communicative. D’abord frileux le public prend doucement le rythme des percussions effrénées et des saillies de synthés dans ce concert qui va crescendo jusqu’à ce Muanapoto étiré à l’infini qui confine à la transe même les plus timorés. Tshegue n’a définitivement pas volé sa réputation de machine à danser.
Jane Birkin, l’entourloupe
On aurait beaucoup aimé dire du bien de Jane Birkin, à l’instar de l’exceptionnelle performance de Charlotte Gainsbourg, mais il aurait fallu que ce concert symphonique soit plus qu’un hommage un peu creux à Serge Gainsbourg. Certes le travail de d’arrangements de l’orchestre qui l’accompagne est proprement inattaquable et le public ne manquera pas de manifester son enthousiasme à chaque morceau mais on est en droit de questionner l’importance de cette démarche. Si le son peine à dépasser le cadre de la scène –la faute aux chuchotements de Jane Birkin et à l’orchestre qui ne peut profiter des enceintes- il nous garde de subir les miaulements de la muse gainsbourgienne. Pas fondamentalement honteux, le concert s’avère plus être un best-of dénué d’âme qui ne satisfera que les fans les plus acharnés. Après un Requiem pour un con désincarné on se demande : pourquoi diable programmer une performance pensée pour les salles de concerts ? Une question qui restera en suspens devant le triomphe de Jane Birkin.
https://www.youtube.com/watch?v=4PtPIEW3Dhs
Etienne Daho, héros pop
Les déçus de Jane Birkin aurait pu craindre l’arrivée d’Etienne Daho sur la Grande Scène. On sait de réputation que le chanteur n’est pas doté d’une voix exceptionnelle. Devant un public qui répond présent, Daho va pourtant livrer une prestation à la hauteur de son influence sur la pop pop française de ces dernières années. Alternant nouveaux morceaux de son dernier album, Blitz et classiques du passé, il éclaire la soirée de son dandysme. A l’instar de Charlotte Gainsbourg, le travail d’arrangements qui traverse le concert donne une cohérence séduisante à l’ensemble. Qu’ils s’attaquent au sombre Le Jardin issu de Blitz ou à une version alternative de Week-end à Rome, les musiciens assurent un parfait équilibre entre machines et guitares qui permettent à Daho de fondre sa voix sous les nappes synthétiques et électriques. Le concert atteindra son apogée lorsque résonneront les premières notes du très Smith-ien, Bleu Comme Toi repris en cœur par le public. Pour la clôture de la Magnifique Society l’humeur était tout sauf down, down, down.
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