Le mordant Nanni Moretti, le maître du suspense Alfred Hitchcock ou encore la parole de Stanley Kubrick… On vous fait la liste des rendez-vous à ne pas manquer en avril sur Arte.
Habemus Papam de Nanni Moretti mais aussi Bianca et Sogni d’oro (jusqu’au 19 avril, à découvrir ici)
Le réalisateur le plus drôle et mordant du cinéma italien est à l’honneur sur Arte avec trois histoires d’hommes anxieux. À commencer par le Michele de Sogni d’oro (1981), où Moretti joue le rôle d’un réalisateur irascible et têtu, finissant seul contre tous. Dans Bianca (1984), il incarne un jeune professeur de maths, obsessionnel et voyeur, qui espionne ses voisins par la fenêtre et tombe fou amoureux. Enfin, on le retrouve en psychanalyste personnel du pape, le touchant Michel Piccoli, dans Habemus Papam (2011), alors que ce dernier est en proie au doute lors de son élection. Derrière l’humour, Nanni Moretti ne manque pas de décortiquer l’Italie contemporaine : son éducation nationale, ses médias, sa politique de gauche ou encore son institution catholique.
Sigmund Freud, un juif sans Dieu de David Teboul (jusqu’au 4 juin, à découvrir ici)
Dans son documentaire sur l’athéisme de Sigmund Freud, David Teboul (Bardot la méprise) s’appuie sur une multitude d’archives pour nous faire découvrir l’intimité de cette persona trop souvent caricaturée jusqu’à l’extrême (voir la dernière série Netflix éponyme). Parcourant son abondante correspondance, le réalisateur nous livre le roman familial du père de la psychanalyse (auquel Mathieu Amalric prête sa voix), de son enfance à la paternité de sa fille Anna (incarnée par Isabelle Huppert) jusqu’à sa disparition en 1939 à Londres. On découvre également ses amitiés intenses avec Carl Gustav Jung, Lou Andreas-Salomé (Jeanne Balibar) ou encore Marie Bonaparte (Catherine Deneuve).
https://www.youtube.com/watch?v=Y9rUHx9Th1E
La websérie Replay de Matthias Castegnaro (à partir du 15 avril sur arte.tv)
La série Replay propose 8 courts-métrages en plan séquence. Chaque épisode revisite des scènes emblématiques du théâtre français. Avec un casting de choix (Romane Bohringer, Sara Forestier ou Lou de Laâge), nous plongeons dans ces textes célèbres, parfois tellement qu’on les aurait presque oubliés à force de les entendre. Dans des décors modernes, nous retrouvons, entre autres, un Dom Juan (Nassim Si Ahmed) en plein casting pour un shooting photo ou encore une Médée (Lou de Laâge) à la station-service.
Les chansons d’amour de Christophe Honoré (jusqu’au 30 septembre, à découvrir ici)
César de la meilleure musique de film en 2007, le cinquième long métrage de Christophe Honoré nous chante l’amour sous la pluie du 10ème arrondissement de Paris et ce, même lorsqu’il se transforme en ménage à trois. Le triangle amoureux de Julie, Ismaël et Alice, alias Ludivine Sagnier, Louis Garrel et Clotilde Hesme, implose avec légèreté autant que gravité, au son des mélodies d’Alex Beaupain. Après le succès de Dans Paris (2006), Honoré rend un nouvel hommage à Jacques Demy et aux cinéastes de la Nouvelle Vague, dans un drame musical sur l’amour et son absence.
Wadjda de Haifaa Al-Mansour (jusqu’au 29 juin, à découvrir ici)
Le premier film officiel de l’histoire de la très conservatrice et misogyne Arabie Saoudite, est tourné ironiquement par une femme : Haifaa Al-Mansour. Wadjda raconte l’histoire de cette petite fille de 12 ans (incarnée à l’écran par Waad Mohammed), converses aux pieds, et devenue rebelle parce qu’elle souhaite faire du vélo (chose interdite aux femmes saoudiennes). À travers l’histoire en apparence simple de cette petite fille têtue, Al-Mansour s’intéresse au quotidien d’une mère de famille de classe moyenne et nous plonge dans un monde de femmes – un monde, le plus souvent, gardé à l’abri des regards – rythmé par l’école coranique.
https://www.youtube.com/watch?v=1YpNAKCIWt8
Kubrick par Kubrick de Gregory Monro (jusqu’au 10 juin, à découvrir ici)
À travers les entretiens entre Stanley Kubrick et Michel Ciment (critique renommé et biographe du réalisateur), le documentaire nous fait découvrir la voix rare de ce cinéaste aussi secret que génial. Vingt ans après son décès, si tout semble avoir été dit sur Kubrick, Gregory Monro lui redonne la parole. Le réalisateur charismatique confesse son caractère obsessionnel, racontant par exemple la découpe des milliers d’ouvrages de peinture pour la préparation des costumes de Barry Lyndon. Il dévoile également les secrets de fabrication d’un Vietnam artificiel à quelques kilomètres de chez lui pour Full Metal Jacket. Archives privées inédites et interviews de collaborateurs s’entrecroisent dans de longs travellings.
A ne pas manquer : soirée spéciale Stanley Kubrick le 12 avril avec la diffusion de Barry Lyndon, du documentaire Kubrick par Kubrick et d’un concert symphonique de l’Orchestre Philharmonique de Radio France avec les grandes partitions des films de Kubrick.
Simone Signoret, figure libre de Michèle Dominici (jusqu’au 30 avril, à découvrir ici)
Portrait de Simone Signoret dans un très beau documentaire qui retrace toute la vie de cette actrice multirécompensée. Véritable star, Simone Signoret a pourtant refusé constamment le cliché de l’idéal féminin auquel beaucoup souhaitaient la réduire. À travers de nombreux extraits de films, interviews et images d’archives, Michèle Dominici revient sur le parcours de cette femme engagée sur tous les combats – personnels, politiques, écologiques – toujours en lutte contre la domination masculine.
Trois films d’Alfred Hitchcock : L’homme qui en savait trop, Sabotage et Jeune et innocent (jusqu’au 31 mai, à découvrir ici)
Trois films des débuts du maître du suspense sont à redécouvrir ce mois-ci. Dans Sabotage (1936), un gérant de cinéma veut poser une bombe en plein cœur de Londres. Dans Jeune et innocent (1937), un jeune écrivain – coupable idéal mais innocent – tente de se faire entendre face au meurtre d’une ancienne petite amie dont on l’accuse. Et enfin dans L’homme qui en savait trop (1934), un couple de touristes se voit embarquer dans une tentative d’assassinat contre un homme d’État londonien. Vingt-deux ans plus tard, Hitchcock réalisera son propre remake, cette fois-ci américain, avec James Stewart et Doris Day.
https://www.youtube.com/watch?v=7xrv0REuFGI&t=8s
Le père de mes enfants de Mia Hansen-Løve (jusqu’au 31 mai, à découvrir ici)
Grégoire Canvel est un jeune producteur de cinéma indépendant qui jongle entre sa passion dévorante et sa vie de famille. Mais l’engrenage déraille rapidement et les ennuis s’accumulent autant que les dettes. Mia Hansen-Løve rend un hommage vibrant au producteur Humbert Balsan, qui a mis fin à ses jours en 2005, et livre une déclaration d’amour mélancolique au 7ème art.
La série Dérapages de Ziad Doueiri (jusqu’au 13 mai, à découvrir ici)
Adaptée du roman Cadres noirs de Pierre Lemaitre, également scénariste sur la série de Ziad Doueiri, Dérapages met en scène Eric Cantona incarnant Alain Delambre, ancien DRH au chômage. Victime du libéralisme mais prêt à tout pour retrouver un emploi, Alain part en guerre contre le système qui l’a trahi.