Si vous n’avez rien suivi à la bataille entre la marque à la pomme et le FBI au sujet des terroristes de San Bernardino, nous résumons les faits, prises de positions et enjeux soulevés.
Apple, le FBI, Mark Zuckerberg, Bill Gates, un iPhone 5C… Pour tout comprendre à l’affaire qui oppose la multinationale à la pomme et les autorités américaines, notre résumé en cinq questions.
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1) Que souhaite le FBI ?
Le 02 décembre 2015, une fusillade éclate dans les locaux d’un centre d’accueil pour personnes en difficulté dans la ville de San Bernardino en Californie. Le couple de tireurs, Tashfeen Malik et Syed Rizwan Farook, a tué 14 personnes avant d’être abattu par la police. Au cours de l’enquête, le FBI a voulu analyser le téléphone portable d’un des deux tireurs, un iPhone 5C. Le 16 février dernier, une juge américaine a ainsi demandé à Apple d’aider le FBI à avoir aux données de l’appareil cryptées par son propriétaire.
Comme l’a souligné le Monde.fr, les propriétaires d’iPhone peuvent choisir d’activer un système de chiffrement, qu’eux seuls peuvent désactiver avec un code. Pour le contourner, Apple devrait créer un outil (surnommé « back-door » outre-Atlantique) qui permettrait d’installer sur le téléphone une nouvelle version du système d’exploitation iOS, qui n’aurait pas ces protections, et avoir accès à ses données.
2) Quelle a été la réaction d’Apple ?
Le patron d’Apple Tim Cook a immédiatement affirmé, le 16 février, qu’il souhaitait se battre contre cette décision du juge. Dans un billet posté sur Apple.com, il a expliqué que créer un tel outil (la fameuse « back door ») serait dangereux, car “entre de mauvaises mains, ce logiciel – qui n’existe pas aujourd’hui – aurait la possibilité de débloquer n’importe quel iPhone », même si celui-ci est physiquement dans la poche de son propriétaire. Quatre jours plus tard, Cook a réaffirmé cette intention dans un mémo interne, révélé par Buzzfeed US:
“Cette affaire va bien au-delà d’un seul téléphone ou d’une seule enquête (…). Ce qu’il est en jeu, c’est la sécurité des données de millions de citoyens qui respectent la loi, et cela pourrait constituer un dangereux précédent qui menacerait les libertés civiles de tout le monde.”
3) Pourquoi dit-on que la demande du FBI aurait pu être évitée?
« Tout cela aurait pu être évité », résume le site de 20 Minutes. Le département de la justice californienne a en effet montré, dans un rapport, que le mot de passe du compte iCloud de Syed Rizwan Farook avait été réinitialisé, quelques heures après sa mort, par son employeur, “à la demande de la police”. « Mais en faisant cela, ça a eu pour effet d’éliminer toute possibilité de sauvegarde automatique », souligne le rapport repris par ABC news.
Si ce mot de passe n’avait pas été changé, Apple explique qu’il aurait été possible de récupérer les données sur l’iPhone 5C en le connectant à un réseau Wifi — par exemple celui de la maison du tueur — et faire une sauvegarde automatique via le Cloud.
4) Qui soutient Apple ?
De nombreux puissants acteurs du numérique ont apporté leur soutien à Apple, comme l’a noté le Guardian. Le nouveau PDG de Google, Sundar Pichai, s’est ainsi fendu d’une série de tweets pour dénoncer un éventuel « inquiétant précédent » :
« Nous construisons des produits sécurisés pour protéger vos informations, et nous donnons accès aux données lorsque les autorités fournissent des ordres légaux valides (…). Mais c’est complètement autre chose que d’obliger les entreprises à autoriser le piratage de l’appareil d’un client et de ses données. »
3/5 We build secure products to keep your information safe and we give law enforcement access to data based on valid legal orders
— sundarpichai (@sundarpichai) 17 Février 2016
Le lanceur d’alerte Edward Snowden s’est également indigné de la requête du juge, tout comme le patron de Facebook Mark Zuckerberg qui a fait part, lundi 22 février, de sa « compassion » envers Apple :
« Je ne pense pas que demander une porte dérobée au codage va être efficace pour augmenter la sécurité, ou que ce soit la bonne chose à faire », a-t-il déclaré, d’après l’AFP, au congrès Mobile World de Barcelone.
5) Pourquoi certains soutiennent la demande du FBI ?
D’après une étude du Pew Research Center, 38 % des Américains interrogés soutiennent Apple, tandis que 51 % estiment que la multinationale devrait se soumettre à la demande du FBI. Mardi 23 février, Bill Gates s’est joint à ces 51 %, en apportant son soutien au FBI. Dans les colonnes du Financial Times (lien payant), le fondateur de Microsoft a estimé qu’Apple devrait donner accès aux données de l’iPhone 5C, car il s’agit d’un « cas spécifique, où le gouvernement demande accès à une information. Ils ne demandent rien de général, c’est un cas particulier. »
« Il s’agit des mêmes enjeux que le droit de demander des informations à un opérateur télécom, ou des relevés de carte bancaire », continue-t-il dans un extrait publié par le Figaro. « C’est comme si la banque avait entouré son serveur de stockage d’un ruban et disait ‘Ne me faites pas couper le ruban, sinon vous allez me forcer à le couper de nouveau après’. »
Peu après, Gate a tenu à nuancer ses propos dans une interview accordée à Bloomberg TV, en des termes un peu flous :
« Je pense qu’avec les bons garde-fous, il y a des cas dans lesquels le gouvernement, en notre nom, pour arrêter le terrorisme… où ça peut être utile (…) Mais d’un autre côté, il est évident que, dans l’histoire, le gouvernement a déjà récupéré des informations pour les utiliser d’une manière qu’on n’avait pas envisagée (…) Maintenant, j’espère qu’on peut en discuter. Je crois cependant que le gouvernement ne devrait pas avoir à naviguer à l’aveugle lorsque l’on parle de certaines mesures de sécurité. »
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