De vieux paysans au mode de vie traditionnel tentent de survivre dans un monde qui ne leur ressemble plus. Un documentaire puissant.
Le fantasme du retour à la nature hante nos sociétés modernes hyperconnectées et consuméristes. Mais si certains peuvent sauter le pas de la néoruralité, c’est parce que les précédents occupants des campagnes les ont désertées petit à petit, vendant leur ferme pour une bouchée de pain. Sans adieu raconte cela, la tragique agonie du monde paysan, et plus particulièrement la désertification du Forez, à l’est du Massif Central.
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De ce combat de la société industrielle contre le dernier carré de la civilisation traditionnelle, Christophe Agou ne montre que les ultimes instants. Vaincus par une administration pour eux incompréhensible, ces petits paysans, pour la plupart en âge de prendre leur retraite, perpétuent un mode de vie millénaire fait d’un constant rapport à la nature et de besoins rudimentaires. De 2002 à 2015, le photographe et réalisateur français a enregistré le quotidien d’une demi-douzaine de paysannes et de paysans à l’aide d’une petite caméra DV.
Le film est d’une tendresse prodigieuse
En comparaison aux conditions de vie des personnages du film, l’univers agricole dépeint par Petit paysan d’Hubert Charuel paraît bien propre. On pense plutôt à la trilogie Profils paysans de Raymond Depardon, dans un versant plus sombre et dépouillé de tout romantisme.
Pourtant, derrière cette allure mortifère à plus d’un titre – en plus de l’enregistrement de la disparition de la condition paysanne, Sans adieu est aussi un film posthume, Christophe Agou étant décédé d’un cancer il y a deux ans –, le film est d’une tendresse prodigieuse. Il jongle sans cesse entre esthétique de la désolation et affection infinie pour ces corps ridés et ces fermes décrépies.
Poignant portrait fragmentaire, Sans adieu recueille les ruines d’un autre temps, un temps où l’on écrivait à la main, où l’on vivait sans internet, sans smartphone, ni ordinateur, simplement au contact de la terre et des animaux. Bruno Deruisseau
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