MØ poursuit dans sa veine pop moderne, Eera se découvre sombre et vunérable, Foé se livre d’une voix brute, Warhaus est un dandy jazzy désenchanté et Majid Jordan recrée des sonorités synthétiques 80’s.
Trois ans après son bluffant premier album No Mythologies to Follow, et quelques papillonnements avec Major Lazer (sur le tubesque Lean on), la Danoise MØ nous revient avec un ep surprise, When I Was Young. Fidèle à son sens du groove et à sa pop moderniste, Karen Marie Ørsted y apporte “un regard à la fois sur le passé et le futur”. Compilant des morceaux écrits au cours des quatre dernières années, ce carnet intime confie des expériences personnelles de MØ : son ressenti sur sa carrière fulgurante, une certaine forme de nostalgie et d’évasion, et les pensées “d’une jeune adulte dans un monde très étrange et qui a beaucoup changé”. Concis et hautement addictif !
https://www.youtube.com/watch?v=Tp3ueB_CXG0
Chanteuse et musicienne norvégienne, basée à Londres, Eera sort de l’anonymat avec un premier album prometteur, Reflection of Youth, où elle confie une période trouble de sa vie, cette vingtaine charnière où elle tente de se responsabiliser. Et il n’y a qu’à respirer la noirceur et la vulnérabilité qui habitent ces dix titres pour comprendre que ça n’a pas dû être une expérience si facile. Dans la digne lignée de PJ Harvey et Cat Power, ses guitares rugissent avec autant d’ardeur que les chagrins ont dû accabler son cœur. De l’intimité de Christine à l’entraînant et accrocheur I Wanna Dance, ses chansons, écrites aux premières heures du jour, sont le fruit d’une introspection belle et désarmante.
Nouvelle tête dans le paysage français, la voix brute et singulière de Foé se découvre dans un premier ep, Bouquet de pleurs (sortie le 10 novembre), certes inégal, mais qui fera parler de lui. Issu de la musique classique, le Toulousain commence au piano, usant la platine de ses parents en écoutant en boucle Bach ou Rachmaninov. Rapidement, sa chambre devient son studio d’expérimentations, et mêlant français et anglais, il compose des chansons, sans grande pudeur, cristallisant des émotions fortes qui vont vous faire tourner la tête. Sa singularité ? Un timbre de voix à la fois très rude, voire primitif et pourtant émouvant. Et si les bricolages digitaux de Coma idyllique et Alors Lise sont un peu trop FM, la marche puissante de Running et les envolées sensibles au piano de Bouquet de pleurs ne laissent pas de glace !
Le chanteur du groupe belge Balthazar, Warhaus, revient pour un second round avec un nouvel album solo, un an seulement après l’intrépide We Fucked a Flame into Being. Maarten Devoldere semble y lâcher prise, en nous laissant palper une noirceur beaucoup plus vaste que sur son précédent disque : “J’essaie de garder le contrôle musicalement, mais si vous lisez les paroles, on se rend bien compte que je suis complètement perdu.” Construit comme un alter ego, ce projet solo suinte le désenchantement de son personnage dandy, comme il le dépeint si bien sur Mad World. Mélangeant marimba africain et sonorités jazzy, le résultat est bien plus vivant et spontané. Côté voix, le timbre fumeux de Maarten se mêle toujours à la perfection de la chanteuse (et petite amie) Sylvie Kreusch, opposant douceur et rugosité, lumière et ténèbres.
Hyperactif et méticuleux, le duo canadien Majid Jordan revient (lui aussi) moins d’un an seulement après un premier long format. Adoubés par le label OVO Sound de leur mentor Drake, le crooner r’n’b Majid Al Maskati et le producteur Jordan Ullman signent avec The Space Between un second essai soigné qui s’inspire de leurs riches expériences en tournée. Invitant en featuring deux autres progénitures d’OVO Sound : Dvsn (My Imagination) et PartyNextDoor (sur le fameux One I Want), les treize titres distillent des mélodies synthétiques inspirées des 80’s. Sensuelles et enivrantes, les productions langoureuses de ce nouveau disque restent à la hauteur de nos attentes, même si on doit bien l’admettre, on espérait un peu plus de prise de risques.