Après un départ tonitruant, le festival rémois poursuit sur sa lancée ce samedi 16 juin.
Gus Dapperton, la bande-son de l’été
Abandonnant la coiffure de Jeanne D’Arc pour celle du professeur Xavier (chauve en somme), Gus Dapperton avait rendez-vous sur la petit scène club qui a accueilli son lot de surprises depuis le début du festival. A 17 heures devant une centaine de curieux debout ou flânant dans l’herbe, le jeune prodige s’est adapté à ce petit public. Car si Gus Dapperton est capable de faire danser des personnes par milliers, il sait aussi adopter un son plus léger pour accompagner le début d’après-midi. Un concert tout doux, peuplé de guitares chatoyantes et ensoleillées porté par un Gus Dapperton modulant sa voix à l’envie. Les plus audacieux n’hésiteront pas à suivre les pas de danse chaloupés esquissés par Gus et son groupe mais la plupart préféreront suivre le concert d’une oreille distraite, dodelinant de la tête en profitant du soleil. La bande-son idéale des collations tardives et des premières bières.
Lomepal, lettre à Larry Clark
Comme Orelsan la veille, la densité de public face à la Grande Scène augmente significativement à l’arrivée de Lomepal, auteur de l’album Flip, il y a près d’un an. Autant dire que l’excitation n’est pas retombée autour du rappeur/skateur qui enchaîne concert sur concert avec un succès retentissant. La Magnifique Society ne fera pas exception. Avec Lomepal un banger en chasse un autre et le public hurle les textes de Palpal, 70, Danse, Malaise ou Bryan Herman. La folie culminera sur Pommade où Lomepal invite ses potes sur scène dont un qui fera pleuvoir la Cristalline sur le public. Jouant tantôt le chanteur de charme, tantôt le rockeur, tantôt le skateur white trash, Chef Antoine, comme il aime s’appeler, brouille habilement les pistes avec un micro spécialement conçu pour ses refrains et des envolées à la Lord Kossity quand il s’agit de gueuler. Et quand on voit la réaction du public sur Yeux Disent, son morceau de rockstar, on se dit qu’il ne serait pas étonnant de croiser Lomepal vêtu d’un perfecto en featuring avec Julian Casablancas dans un futur proche.
Superorganism, le culte du DIY
Débarquant encapuchonnés sur des sons de cloches, Superorganism joue la carte du mysticisme pour les non-initiés à leur arrivée sur la scène Central Park. Aux premières notes de It’s All Good, les sceptiques font leur apparition et se redirigent vers les stands de bières. Pas de quoi entamer le moral de la machine Superorganism qui, à force de tubes alambiqués et foutraques, attire un public de plus en plus nombreux. La faute à Orono, chanteuse japonaise du collectif, un condensé de rockstar dans un corps d’1m65 et à ces collages sonores, essence même de Superorganism. Lunettes de soleil vissé sur le nez, c’est plein de morgue qu’elle enchaîne les hits collants du premier album de la formation entre deux diatribes contre les bouchons à ouverture « facile » de ses bouteilles. De Nightime à Nobody Cares en passant par SPRORGNSM, on reste abasourdi par ces morceaux à l’architecture mouvante et mutante. Le meilleur concert de la journée, à moins que.
The Hives, la leçon de guitare
Si vous vous demandiez où étaient passés les Hives, ils étaient à la Magnifique Society pour se rappeler au bon souvenir des amateurs de riffs tonitruants à l’efficacité redoutable. Avec The Hives c’est toujours un peu la même chanson, mais, qu’on se le dise, ce samedi 16 juin cela n’a dérangé personne. Fort d’une carrière de plus de 20 ans, la formation suédoise n’a rien perdu de sa fougue et peut se targuer d’avoir lancé un nombre incalculable de slams à l’espace d’une heure. The Hives a livré un concert en forme de best-of qui témoigne du nombre de tubes infusés de garage-rock parcourant la discographie du groupe. Go Right Ahead, Die, All Right !, Walk Idiot Walk, Tick Tick Boom, Hate Say I Told You So, Main Offender, sont autant de bonnes chansons que d’appels au pogo et le public de la Magnifique Society ne s’y est pas trompé. Une montée en puissance qui a culminé jusqu’à ce que Howlin’ Pelle Almqvist, chanteur du groupe, remonte la foule dans sa quasi-entièreté pour un final messianique.
Kiddy Smile, Vladimir Cauchemar ou Dos Manos ?
Quelques tours et puis s’en vont. Un détour sur la scène Club où se produit l’adepte du voguying Kiddy Smile. Peu de festivaliers ont fait le déplacement, mais aucun ne regrette son choix. Alignant tubes après tubes convoquant le meilleur de la house 90’s, mélangeant chant, danse et performance, Kiddy Smile a imposé son imagerie vogue à un public venu pour danser. Passage éclair sur la scène de Vladimir Cauchemar qui draine un public monstre. Auteur du viral Aulos, il livre un set où le second degré est de mise entre trap électro, rap, EDM d’un ancien temps. Cardi B se télescope avec Orelsan, la flute avec la trap, amusant mais vite usant. Dernier détour sur la scène du Tokyo Space ODD, où se produisent chaque des artistes japonais, avec Dos Manos. Devant une vingtaine de personnes le duo de rappeur accompagné de leur producteur, livre un set erratique et complètement fou. Le rap se mélange à de la musique électronique expérimentale, l’un descend dans le public pour freestyler sur des samples de The Flaming Lips, l’autre passe derrière les platines tandis que le dernier esquisse des pas de danse classique. Dément.