Après un mois d’audience, la cour d’assises spéciale de Paris a condamné Abdelkader Merah à 20 ans de réclusion criminelle, jeudi 2 novembre. Les familles des victimes ont fait part de leur déception, jugeant la peine trop légère. Le parquet général a choisi de faire appel.
Le verdict est tombé jeudi 2 novembre : Abdelkader Merah est condamné à 20 ans de réclusion criminelle pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste. En revanche, la cour d’assises n’a pas reconnu sa complicité dans les 7 assassinats perpétrés par son frère, Mohamed Merah en mars 2012.
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L’avocate générale, Naïma Rudloff, avait requis la prison à perpétuité, assortie d’une peine de sûreté de 22 ans : « Abelkader Merah a fabriqué Mohamed Merah. Son rôle est déterminant dans le passage à l’acte de son frère, c’est lui qui a la connaissance des textes », avait-elle argumenté lors de sa plaidoirie.
La justice n’a pas été « jusqu’au bout »
Latifa Ibn Ziaten, mère de la première victime de Mohamed Merah, assassinée à Toulouse le 11 mars 2012, reproche à la justice de na pas être allée « jusqu’au bout » selon les journalistes du Monde. Présidente de l’association Imad-Ibn-Ziaten pour la jeunesse et pour la paix qui milite contre la radicalisation, elle estime qu’ « on est trop naïf en France. Il faut qu’on se réveille pour protéger notre pays, pour protéger nos enfants. »
« Bien sûr que je suis déçu« , a renchéri auprès de l’AFP Samuel Sandler, père et grand-père de 3 des victimes de l’école juive Ozar Hatorah de Toulouse :
« C’est mieux que rien mais nos enfants, eux, ont pris perpétuité. Bien sûr que je suis déçu. »
Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) a, lui aussi, manifesté sa déception. « Abdelkader Merah reste totalement coupable au regard de la douleur des familles et de l’horreur du crime commis par son frère, qu’il avait radicalisé et instrumentalisé en bras armé de son idéologie mortifère », a déclaré dans un communiqué, son président, Francis Kalifat.
Un « faux coupable »
Du côté de la défense, Me Éric Dupond-Moretti, avocat d’Abdelkader Merah, a dans un premier temps, exprimé sa satisfaction: « En acquittant Abdelkader Merah du crime de complicité d’assassinats, la cour d’assises a rappelé que même dans les affaires de terrorisme les plus graves, la preuve et la règle de droit n’étaient pas reléguées au rang d’accessoires », a-t-il affirmé à la sortie de l’audience.
Des propos qu’il a cependant nuancés lors de son intervention sur France Inter, ce matin, qualifiant « l’association de malfaiteurs » d’infraction « fourre-tout dont se méfient tous les juristes ». Il a également tenu à rappeler qu’ Abdelkader Merah était un « faux coupable » qui « se trouvait dans le box parce que son frère s’est fait tuer. »
Face aux appels virulents des auditeurs il s’est empressé de redéfinir le rôle d’un avocat :
« Il y a des causes indéfendables. L’islamisme radical, c’est indéfendable. Je ne défends pas une cause, je défends un homme. »
Eric Dupond-Moretti : "Il y a des causes indéfendables. Moi, je ne défend pas une cause, mais un homme" #le79Inter pic.twitter.com/BEduYn3Yme
— France Inter (@franceinter) November 3, 2017
Le parquet général de Paris a néanmoins fait appel ce matin. Selon la procureure générale la cour aurait dû condamner Abdelkader Merah à perpétuité pour complicité de meurtre. Cette décision concerne également Fettah Malki qui a écopé de quatorze ans de prison pour avoir vendu une arme et un gilet par-balles à Mohamed Merah.
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