Chaque semaine pendant le confinement, Les Inrocks vous proposent une sélection des meilleures scènes de l’Histoire du cinéma en lien avec un sentiment ou une activité. Si en cette troisième semaine, vous avez un coup de blues, sachez que vous n’êtes pas les seuls (attention petits spoilers).
Vivre sa vie de Jean-Luc Godard (1962)
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C’est peut-être les sanglots silencieux les plus connus du cinéma. Tout d’abord ceux, muets, de Renée Falconetti, la Jeanne d’Arc de Dreyer, qu’un jeune Antonin Artaud appelle à sa mise à mort. Puis ceux d’Anna Karina, la jeune Nana, spectatrice d’un cinéma à moitié vide, dont le rêve de devenir actrice s’effondre peu à peu. Dans ce face-à-face en miroir, Godard rend un nouvel hommage éternel au cinéma, à sa capacité à nous émouvoir comme à sa passion.
Les parapluies de Cherbourg de Jacques Demy (1964)
Au milieu de décors aux couleurs saturées, apparaît le visage rougi par les larmes de la poupée de cire Catherine Deneuve (qui avait 19 ans lors de sa première collaboration avec le cinéaste). Dans ce film qui obtiendra la Palme d’or à Cannes, ce sont donc des larmes chaudes qui coulent lors de la séparation déchirante de Geneviève avec son amoureux Guy, que la guerre d’Algérie éloigne. C’est sur la musique inoubliable de Michel Legrand que Jacques Demy nous chante l’amour impossible.
https://www.youtube.com/watch?v=Rq0yhizu0y8
La Maman et La Putain de Jean Eustache (1973)
Alexandre (Jean-Pierre Léaud) a croisé Veronika (Françoise Lebrun) assise à la terrasse du café des Deux Magots. Il la ramène alors chez Marie, sa maîtresse. Au milieu de ce triangle amoureux qui s’enlise dans un lit double, Veronika, ivre de ses verres de Pernod, livre en pleurs l’un des monologues les plus féministes du cinéma français. Un hymne touchant à l’amour plutôt qu’au sexe et au “baisage chronique” prôné par mai 68. “Si les gens pouvaient piger une seule fois pour toutes que baiser c’est de la merde.”
>> A lire aussi : “La Maman et la Putain” : pourquoi le film de Jean Eustache est-il presque invisible ?
Le Miroir d’Andreï Tarkovski (1975, 1978 en France)
Tarkovski fait face, dans son Miroir, à ses souvenirs d’enfance, au passé et au présent, pour faire un film sur une mémoire rendue vivante grâce aux images de cinéma. Margarita Terechkova y joue un rôle double, celui de la mère et de la femme. La scène finale fait alors se joindre les différents âges sur fond de nature russe immuable. Au milieu de cette boucle enfin bouclée, les pleurs de Maroussia face caméra, au son des chœurs de Bach, n’en finissent plus de nous hanter.
https://www.youtube.com/watch?v=uU22autbqAo
Le Rayon vert d’Eric Rohmer (1986)
Comme le chante Clio, on en voudrait encore, de toutes ces filles qui pleurent chez Eric Rohmer, tant cela sonne juste. Dans son film singulier car presque entièrement improvisé, Marie Rivière alias Delphine ne cesse de verser des larmes sur ses vacances ratées, traduisant par là ce vague à l’âme propre à l’été. Le cinéaste avait d’ailleurs prévenu son actrice en amont du tournage : “Je compte sur vous pour pleurer !” Et cela n’a pas raté.
>> A lire aussi : 30 ans, 30 œuvres : “Le Rayon vert” d’Eric Rohmer
Roméo + Juliette de Baz Luhrmann (1996)
Les larmes sont nombreuses dans l’histoire des amants maudits de Vérone. Les sanglots de Claire Danes et Leonardo DiCaprio ne s’arrêtent plus lors du final – plus que tragique – dans l’église aux milles bougies et néons bleus de Baz Luhrmann. Mais ce sont ceux de rage de notre Roméo préféré, en gros plan, lorsqu’il assassine Tybalt, le cousin de sa bien aimée, que l’on préfère ici. Dans une tuerie sous forme de clip MTV, au son de riffs de guitare électrique, sang, larmes et pluie se mêlent.
Le Parrain III de Francis Ford Coppola (1991)
Si Sofia Coppola est aujourd’hui connue pour avoir représenté avec brio les cœurs brisés des adolescentes dans son Virgin Suicides, c’est peut-être parce que celui de Mary Corleone a subi le même traitement dans le film de son père. La réalisatrice y interprète cette jeune fille qui doit renoncer au nouveau parrain de la mafia Vincenzo Corleone (Andy Garcia) – et accessoirement son cousin -, dans un champ contre champ que tout sépare. Très critiquée par la presse à sa sortie, la performance de l’actrice contient pourtant toute la dose de pathos qu’on accole tous à notre première rupture.
Trois couleurs : Bleu de Krzysztof Kieślowski (1993)
A la fin de la magistrale séquence de clôture de Trois couleurs : Bleu, les larmes de joie de Juliette Binoche apparaissent comme l’ultime point d’orgue du concerto de Zbigniew Preisner. Après un travelling infini, qui rallie les espaces et les destins, les larmes de Julie viennent symboliser la clôture, celle du film mais aussi du deuil. Les larmes après la jouissance sexuelle, comme dernière métaphore de la liberté retrouvée face à la souffrance.
L’Apollonide : Souvenirs de la maison close de Bertrand Bonello (2011)
Le rêve prémonitoire de Madeleine (Alice Barnole) sur lequel s’ouvre le film sur les travailleuses du sexe du XIXe siècle de Bertrand Bonello finira par se réaliser dans un “trip opiacé” dérangeant. Les larmes faites du sperme d’un amant l’ayant défigurée coulent lentement le long des joues de la jeune femme. Le large sourire tracé au couteau renforcera, quant à lui, la mélancolie de ce visage qui pleure, prisonnier de la maison close.
Harry Potter et les reliques de la mort – Partie 2 de David Yates (2011)
Tué par le serpent du maître des ténèbres, le vil professeur Rogue n’a qu’une larme pour se racheter aux yeux de l’élu. Elle provoquera la réminiscence de souvenirs restés secrets, ceux de son sacrifice et de sa dévotion totale au nom de l’amour qu’il porte à la mère d’Harry. Une larme qui libérera de nouvelles images et par laquelle Alan Rickman nous livre peut-être la scène la plus déchirante de la saga anglaise.
Bonus : Les Tontons flingueurs de Georges Lautner (1963)
Si vous n’avez pas saisi pourquoi l’alcool des Tontons est surnommé “le Vitriol”, on vous laisse pour finir avec les larmes de Jean Lefebvre.
https://www.youtube.com/watch?v=lGGI3ubLmaU
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