The First Fat Truckers Album Is For Sale

Utilisant des machines pour la confection de leur son rudimentaire et de leurs rythmiques squelettiques, Ben Rymer, Mark Hudson et Ross Orton ont fait ingurgiter quarante ans de rock à leurs robots, les coiffant avec des bananes, remplaçant l’huile par de la gomina. Les Fat Truckers bâtissent un mur du punk avec des synthés, inventent le riff d’ordinateur et le bug de guitare. Les vieux Moog, Korg et autres boîtes à rythmes vintage reprennent du service pour cracher des sons minimaux, métalliques et abrasifs.

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Malgré cette électronique bricolée, qui menace toujours de s’écrouler (Faversplimsoles), les trois s’amusent des clichés rock les plus éculés. Bikers d’opérette (Superbike), Cramps de fête foraine (Teenage Daughter), Kraftwerk pour autos tamponneuses (Anorexic Robot), ils poussent même les compteurs de leurs instruments déréglés en plein rock noisy (Fix It). Si l’héritage industriel de Sheffield se fait parfois sentir (I Love U Son), c’est plutôt le comique de répétition (le cabaret de Patrick Sébastien plutôt que Cabaret Voltaire) qui se répand tout au long de cet album dansant, absurde et provincial, bien éloigné de la frime des capitales, plus proche de l’electro vache que de l’electroclash. Car malgré toute la hype qui entoure le groupe, malgré sa présence sur les prestigieuses compilations Sonic Mook Experiment ou Colette, malgré sa signature sur les labels DFA (Etats-Unis) et International DeeJay Gigolo (Allemagne), ses membres restent d’indécrottables ploucs du Nord, versés sur l’énergie et le fun, irrémédiablement bloqués par leur humour caustique et cynique qui leur permet de masquer une éducation musicale impeccable. Vivant avec les nouvelles technologies mais nostalgiques du bon vieux temps du rock’n’roll, ces Fat Truckers conduisent sans permis des camions fous bourrés d’ecstas et de bière. Personne ne pourra les arrêter.