L’ajout au catalogue de la plateforme des six saisons de “Community” permet de se replonger dans cette sitcom hors norme, où l’inventivité comique de chaque instant est mise au service d’un amour de l’excentricité.
Avant de dynamiter l’univers des séries d’animation avec Rick et Morty, Dan Harmon s’était appliqué à transcender les codes de la sitcom en suivant le quotidien haut en couleur d’un groupe d’étudiants au sein du community college de la ville fictive de Greendale. En intégrant cette école de la seconde chance après avoir été radié du Barreau pour cause de faux diplôme, l’ex-avocat Jeff Winger agrège autour de lui un groupe d’élèves aux personnalités déjantées.
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Il y a Britta, l’activiste paumée ; Troy, la star de football américain dont la carrière a été stoppée à la suite d’une blessure ; Shirley, la mère au foyer divorcée en quête de reconversion professionnelle ; Abed, le passionné de cinéma souffrant du syndrome d’Asperger ; Annie, l’élève modèle guérie d’une dépendance à la drogue ; et Pierce, magnat de la lingette à la retraite qui cherche à s’offrir une seconde jeunesse.
Folie et mélancolie
Si l’alchimie qui agite cette bande de misfits en perpétuelle recomposition d’affects ne manque pas de folie, le rire qu’elle distille en doses généreuses est sans cesse guetté par la mélancolie, celle de personnages en proie au mal de vivre, d’éternels enfants qui n’arrivent pas à grandir.
Cette difficulté d’être au monde a rencontré des échos dans le monde réel : menacée par des audiences insuffisantes et par le comportement parfois ingérable de son créateur, Community a frôlé la mort plusieurs fois, malgré la mobilisation intense de sa communauté de fans. Evincé par la production à la fin de la saison 3, Dan Harmon réintègre ses fonctions après une quatrième saison jugée catastrophique, pour voir sa création annulée par NBC à l’issue de la cinquième. Racheté par Yahoo pour une dernière salve d’épisodes, le show sommeille depuis cinq ans en rêvant à un film conclusif.
Une lettre d’amour aux excentriques
Travaillée par un sens de l’absurde jusqu’au-boutiste et truffé de références à la culture populaire, Community s’est également illustrée par son usage de l’humour méta, exhibant avec malice les rouages de sa mécanique fictionnelle.
D’un épisode en narration à choix multiple à un autre entièrement peuplé de marionnettes en passant par le célèbre Modern Warfare et sa gigantesque bataille de paintball mise en scène par Justin Lin (Fast and Furious) comme un hommage aux codes du cinéma d’action, la série n’a eu de cesse de réfléchir à sa propre condition et de remettre en jeu sa façon de raconter des histoires. Et si ses personnages ont conscience d’évoluer dans une fiction, c’est aussi pour mieux affronter les clichés auxquels ils sont d’ordinaire associés et affirmer leur singularité.
Le secret de Community réside peut-être dans ce jeu perpétuel et canaille avec la norme, qui adresse en creux une lettre d’amour aux excentriques et affirme une certaine idée de la communauté, flamboyante et désordonnée.
Community Sur Netflix le 1er avril
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