Pour aider chacun à reprendre son souffle, la chorégraphe Mathilde Monnier poste chaque jour sur Instagram des capsules vidéo avec des exercices simples de respiration, de danse et de yoga. Ouvrez grand les chakras !
On a pris l’habitude de regarder les photos postées par Mathilde Monnier, à nouveau chorégraphe indépendante après avoir dirigé le Centre chorégraphique national de Montpellier pendant vingt ans, puis le Centre national de la danse à Pantin de 2013 jusqu’en juin dernier. Et puis, le premier jour du confinement, où le passage en revue compulsif des réseaux sociaux se mêle à une écoute permanente des informations, on tombe sur une vidéo. Mathilde est assise sur son tapis de yoga et nous invite à respirer. Ça dure quelques minutes. Ça fait un bien fou. On like. Le lendemain, une autre capsule, puis encore une. C’est maintenant un rituel quotidien. Sa façon à elle de réagir à la pandémie qui galope et nous confine tous.
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“Après l’annonce de Macron le lundi soir, ça m’a réveillée au milieu de la nuit et je me suis dit qu’il fallait que je fasse un geste, que je sois active. Je suis très touchée par le fait que le Covid-19 va directement sur les poumons. Et j’ai pensé à la respiration, je me suis dit : il faut aider les gens à respirer. C’est ce qu’on fait dans le yoga, où on travaille des techniques de respiration très précises, ancestrales, transmises de génération en génération et qui sont des techniques de développement du souffle. Ça a commencé comme ça, tout simplement. »
Cette maladie touche quelque chose de très intime
Autre élément déclencheur : l’arrêt en plein vol des répétitions du spectacle qu’elle répète depuis quelques semaines avec les étudiants de la Manufacture, l’Ecole des arts de la scène de Lausanne, qui doit être créé au festival June Events à Paris en juin. Hasard ou anticipation, la thématique de cette création porte sur l’air. L’air qu’on respire ou l’air qui empoisonne. “Pendant la Première Guerre mondiale, l’air est devenu une arme avec l’utilisation des gaz. Aujourd’hui, avec le coronavirus, ce n’est pas seulement l’air, c’est aussi le toucher, la proximité qui sont en jeu. Cette maladie touche quelque chose de très intime pour nous et dans le rapport à l’autre. »
Alors, confinement ou pas, Mathilde Monnier continue de travailler avec ses étudiants à distance et de poster des capsules sur Instagram : “Je m’adresse à des gens qui ont envie de bouger sans sortir et je partage des exercices qui sont anciens, qui m’ont été transmis. Il y a deux jours, j’ai proposé un exercice de Hideyuki Yano (chorégraphe japonais des années 1980, fondateur du Ma Danse Rituel Théâtre à Paris – ndlr). J’ai mémorisé plein d’exercices donnés par beaucoup de chorégraphes. Je fais surtout attention à proposer des exercices simples lors desquels les gens ne puissent pas se blesser et qui font travailler en profondeur, qui sont au bord de la danse.«
De la respiration, on passe en douceur à des exercices de yoga ashtanga pour amener ensuite chacun à danser, « sans a priori, pour se sentir mieux. Une danse que chacun va s’approprier. Un peu ce que j’avais fait avec Philippe Katerine quand je l’ai fait danser dans 2008 Vallée (rires) ! » S’adresser au corps, en passer par le souffle, c’est toute la beauté du geste.
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