Cuivres, vagues électriques, chœurs féminins et chant aérien se mêlent sur le coup d’essai de ce faux débutant. Entre pop et poésie urbaine, le Lillois contemple le monde citadin d’un œil bienveillant.
Thibaud Vanhooland n’a rien d’un novice. Après avoir fait ses armes avec Elephanz, Pegase et Rhum for Pauline, le jeune auteur, compositeur et interprète français a décidé qu’il était temps de se lancer dans une toute nouvelle aventure : la sienne, au singulier. En janvier 2018, celui qu’il faut désormais appeler Voyou sortait un éclatant premier ep On s’emmène avec toi, dévoilant par la même occasion une infime partie de la ribambelle de couleurs vives qui gorgent son esprit fantasque. Un peu plus d’un an après, le trompettiste révèle l’entièreté de cette palette arc-en-ciel avec Les Bruits de la ville, un premier album pop aussi électrique qu’éclectique.
Un contemplatif aux poésies sucrées
Long de onze étapes, le parcours s’écoute comme on déchiffre une fresque. Car Voyou n’est pas un voyou comme les autres. C’est un contemplatif qui habille ses fables et ses périples d’instruments et de poésies sucrées. Il le prouve dès l’ouverture de l’album, baptisée A nos jeunesses, un morceau pop flirtant avec la bossa-nova, invitation à la danse impossible à refuser. Ses sonorités nous entraînent dans une sorte d’ivresse dont il est difficile de se sortir. C’est ainsi que bien avant la fin de la chanson, Voyou a déjà imperceptiblement introduit la suivante : le séduisant engrenage des Bruits de la ville est mis en marche. Suivent les premiers petits et néanmoins puissants tubes de Voyou – Seul sur ton tandem, puis la chanson titre avec Yelle –et leurs mélodies entêtantes, jonglant entre pop et douceur.
Une dualité toujours en couleur
A mesure que l’album progresse, il devient de plus en plus facile de cerner le style de Voyou. S’il semble offrir un bordélique feu d’artifice, il n’en est rien : tout est organisé, harmonieux, et les divers sons sur lesquels il se repose sont si bien agencés qu’on ne peut éluder la maturité de son travail, pas toujours mis en valeur par les paroles brutes et simples. C’est toute cette dualité – marquée dans Dehors ou Papillon – qui rend ce projet si lumineux. Mais il serait naïf de croire qu’il n’est que joie : dans Il neige, Voyou montre au piano que la mélancolie demeure, pourtant parée de belles couleurs… Dualité encore.