Associé à Olivier Bocquet, Jean-Marc Rochette révèle sa passion de jeunesse pour la montagne. Un âpre récit initiatique par l’auteur du Transperceneige.
Avant de devenir dessinateur et peintre, Jean-Marc Rochette voulait être guide de montagne. Dans Ailefroide – Altitude 3954, il raconte son enfance et sa passion de l’alpinisme. Dans les années 1960, alors que son père est mort en Algérie, Jean-Marc vit seul avec sa mère, avec laquelle il entretient une relation conflictuelle. Indiscipliné à l’école, impertinent avec ses profs, il s’échappe de cette vie un peu étriquée grâce à la montagne, s’entraînant très assidûment avec son camarade Sempé…
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Les deux amis et plus tard d’autres compagnons de cordée enchaînent les “courses”, requises pour devenir guide. Ils conquièrent leurs premiers sommets, avec pour but ultime d’escalader la face nord de l’Ailefroide, dans le massif des Ecrins. Mais son autre passion, celle de l’art et du dessin, ne le quitte pas et l’appel de Jean-François Bizot à Actuel sera plus fort que celui de la montagne – et décidera de sa carrière.
Un lieu où il peut se chercher et se trouver
Au-delà de l’autobiographie, Jean-Marc Rochette et le scénariste Olivier Bocquet, avec qui il avait donné une fin au chef-d’œuvre SF Le Transperceneige en 2015 (Transperceneige – Terminus), écrivent ici un récit initiatique puissant.
Explorations, sommets vaincus, nuits à la belle étoile, soirées bon enfant dans les refuges, contemplation de la nature,la montagne apporte joies et plénitude au jeune Rochette. Comme une toile de Chaïm Soutine qu’il admirait souvent, enfant, au musée de Grenoble, elle lui offre un refuge, un lieu où il peut se chercher et se trouver.
Sans fioritures ni explications superflues
Parallèlement, les prises de risques incessantes, quelques grandes frayeurs dont des chutes arrêtées in extremis, forgent sa personnalité, le construisent et lui apprennent la concentration, la ténacité. Sans fioritures ni explications superflues, les auteurs arrivent à communiquer cette tension mais aussi l’attrait pour le calme et la beauté des cimes.
La rigueur dont Jean-Marc Rochette fait preuve lors de ses courses, il l’applique également à son dessin, vif, dur, expressif. Son esthétique très minérale et froide – couleurs glacées, trait sombre et sec – rend magnifiquement hommage à ces beaux paysages déserts (on retrouve le goût pour les étendues vides du Transperceneige), à ces falaises grises inhospitalières, à cette solitude que ressent le grimpeur face à la paroi qu’il escalade. Un album âpre et pur, à l’image de ces sommets sublimes que Jean-Marc Rochette n’a jamais cessé d’aimer.
Ailefroide – Altitude 3954 (Casterman), 296 p., 28 €
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