Nombre de rappeurs majeurs ont consacré un morceau lié au décès d’Adama. Une démarche salutaire d’un milieu hip-hop qui, historiquement, a toujours dénoncé avec force les violences policières.
En 2017, le milieu du hip-hop français montrait une nouvelle fois sa capacité à se mobiliser autour d’une cause : Youssoupha, Médine, Kery James, Mac Tyer ou encore Ärsenik réunissaient plus de 1200 spectateurs sur la scène de la Cigale le temps d’un concert hommage à Adama Traoré. Forcément, l’idée était de réclamer justice, ce à quoi Booba ne semble plus vraiment croire aujourd’hui.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
“Le flic tueur d’Adama Traoré s’ra acquitté”, rappe-t-il en introduction de son dernier single, PGP. Fataliste, le propos ? Pas tant que ça quand on sait que le rap français a toujours cherché à dénoncer les violences policières et les actes racistes. Parfois, de façon évidente – souvenons-nous de l’immense 11’30 Contre les lois racistes enregistré en 1997 par Akhenaton, Assassin, Fabe ou le Ministère A.M.E.R. D’autres fois, au détour d’une simple phrase, censée raccrocher l’auditeur à une réalité, terrible et malheureusement immuable.
C’est Chilla qui avance que “c’est toute la France qui demande justice pour Adama Traoré” dans une Lettre au président modernisée. C’est Dinos qui prétend que même “le chien de l’Elysée est plus important qu’Adama Traoré” ou la rappeuse Mallaury qui claque dans un Planète Rap : “Je voudrais autant de courage qu’Assa.”
“La vie d’Adama Traoré compte autant que la nôtre !”
C’est encore Alpha 5.20 qui, dans Crépuscule des empires, titre issu de l’éminente compilation 93 Empire, envoie : “Ma femme est déter comme la sœur à Adama”, ou Dosseh dans le remix du Blue Lights de Jorja Smith, qui évoque les cavalcades nocturnes avec la police dans “cette jungle urbaine”. Et c’est bien sûr Rohff, qui fut l’un des premiers à réagir avec ce message fort : “La vie d’Adama Traoré compte autant que la nôtre !”
“Cette histoire, disait Sofiane dans une interview au site Rapelite, ce n’est pas que celle d’Adama Traoré, c’est une branche qui cache une forêt de fou. Des morts dans les commissariats, des morts dans les cités, il y en a beaucoup. Si on n’en parle pas, qui le fera ?”
https://www.youtube.com/watch?v=q9Dfs_Wfe5c
Voilà sans doute pourquoi, à l’heure où beaucoup regrettent la disparition supposée d’un rap dit conscient, le cas d’Adama Traoré reste au cœur des préoccupations des rappeurs hexagonaux. Parce qu’il est commun, parce qu’il vient rappeler aux MC qu’ils pratiquent un art longtemps envisagé comme une musique d’émancipation du pauvre et, par extension, de l’opprimé.
Dans la même interview, Sofiane proclamait fièrement : “On est des haut-parleurs”. Et c’est vrai qu’il y a de ça : du cas de Malik Oussekine à ceux de Zyed et Bouna, la scène française a toujours été prompt à prendre le mic en faveur des minorités sociales. Car, comme l’affirme Youssoupha sur Le jour où j’ai arrêté le rap : “R.A.P’, ça signifie ‘rien à perdre.”
{"type":"Banniere-Basse"}