Yves Cochet est acquis depuis des années à l’idée d’un effondrement prochain du système. Confiné en Bretagne, dans une maison où il a tout prévu en cas d’arrêt, il a déclaré, lors d’une interview au Monde, que les dirigeants “ont merdé sanitairement”.
Alors que l’épidémie de Covid-19 provoque une crise sanitaire inédite, qui entraîne avec elle d’autres crises (économique notamment) qui menacent l’intégrité du système, comment réagissent les collapsologues ? Depuis la parution d’un livre de Pablo Servigne et Raphaël Stevens (Comment tout peut s’effondrer, éd. Seuil, 2015), c’est sous ce terme que sont désignés des scientifiques, activistes et citoyens convaincus d’un effondrement prochain de la civilisation industrielle. L’ancien ministre de l’Environnement Yves Cochet en fait partie. Dans une vidéo de Brut parue en 2019, il prophétisait ainsi qu’un anéantissement systémique et global du monde aura lieu “vers les années 2025-2030”.
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“Avec mes copains collapsologues, on s’appelle”
Le Monde l’a contacté par téléphone pour savoir comment il réagissait à la situation actuelle. Confiné en Bretagne, dans une maison où il s’organise depuis des années pour survivre en cas de catastrophe, il reconnaît qu’il a été pris de court, même s’il a écrit dans son livre (Devant l’effondrement. Essais de collapsologie, éd. Les liens qui libèrent) qu’une épidémie pourrait nous plonger dans le précipice. “Avec mes copains collapsologues, on s’appelle et on se dit : ‘Dis donc, ça a été encore plus vite que ce qu’on pensait !’”, déclare-t-il ainsi.
“La rupture de la chaîne alimentaire”
Selon lui, les événements liés au coronavirus attestent de la validité de ses idées : “Tout cela montre que la mondialisation nous fragilise et rend vulnérable notre économie. Nous sommes trop interdépendants, il n’y a pas assez de résilience locale. Il faut absolument essayer de créer des biorégions qui seraient autonomes en énergie et en alimentation”. Aussi, l’ancien leader des Verts, à qui il ne manque que l’autonomie alimentaire pour pouvoir vivre en autarcie, estime qu’un risque d’aggravation de la crise est possible : “Les chauffeurs routiers, déjà exploités, n’ont plus la possibilité de s’arrêter dans les restoroutes, qui sont fermés. Quand ils en auront marre de manger des sandwichs industriels, on peut imaginer qu’ils décident de s’arrêter de rouler, leur défection provoquera alors la rupture de la chaîne alimentaire”.
“Le confinement a un peu tardé”
Pour toutes ces raisons, il ne comprend pas pourquoi le gouvernement ne le consulte pas plus : “Aucun de ceux qui réfléchissent à cette situation depuis des années n’a été appelé”. Et de déplorer : “Ils ne nous prennent toujours pas au sérieux”. En ce qui concerne les dirigeants au pouvoir, il estime qu’ils ont dans un premier temps “merdé sanitairement”. Mais son discours n’est pas excessivement critique pour autant, même s’il contredit Edouard Philippe (pour qui il n’y a “pas eu de retard”) : “Le confinement a un peu tardé, mais à présent la situation est assez bien gérée”.
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