Terminus Berlin contient toute la passion de l’auteur provocateur pour la langue et l’écriture.
L’écrivain allemand rescapé de la Shoah s’en est allé en janvier dernier, âgé de 92 ans. Auteur de dix livres, Edgar Hilsenrath n’a pas vu paraître en France son dernier, Terminus Berlin, publié en Allemagne en 2006.
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Le personnage de cette ultime fiction autobiographique, alter ego d’Hilsenrath, s’appelle Lesche. Juif non religieux, écrivain modeste et débrouillard, aux besoins sexuels certains, exilé aux Etats-Unis, il décide en 1989 de retrouver « sa patrie linguistique ». Arrivé à Berlin-Ouest peu avant la chute du Mur, il redécouvre la ville, multiplie les rencontres fortuites, et devient même une oreille attentive pour la parole de nazis « purifiés ».
Il n’abandonne pas son ironie, mise au service d’un style lapidaire pour aborder les notions d’errance et de rejet
Dans ce roman presque testamentaire qui évoque tous ses précédents – Le Nazi et le Barbier, Conte de la dernière pensée, Fuck America –, Hilsenrath se fait plus clown triste que pitre. Il n’abandonne pas son ironie, mise au service d’un style lapidaire pour aborder les notions d’errance et de rejet dans cette Allemagne « constipée » par son passé, où subsiste « l’esprit malfaisant » du fascisme.
Et donner corps à la persistance du traumatisme chez un homme hanté par l’expérience du ghetto. L’apaisement, pourtant, semble conclure ce Terminus, porté tout entier par la passion d’Hilsenrath pour l’écriture.
Terminus Berlin d’Edgar Hilsenrath (Le Tripode), traduit de l’allemand par Chantal Philippe, 240 p., 19 €
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