Après une deuxième saison décevante, The Bold Type, série pop nourrie d’idées progressistes, trouve un nouveau souffle en s’interrogeant sur les alliés du féminisme et sa transformation en produit marketing.
Si les bonnes séries ont pour ambition de regarder une époque, ses gestes et ses tensions spécifiques, ses corps et ses désirs nouveaux, alors The Bold Type remplit cet office. Apparue il y a deux ans, elle raconte la vie de trois amies employées dans un magazine féminin new-yorkais inspiré de Cosmopolitan.
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Kat, Jane et Sutton ont à peu près 30 ans. Ce sont des ambitieuses dont le féminisme nourrit la plupart des décisions. Alors qu’en France nous en sommes toujours à nous demander où trouver des héroïnes qui ressentent un tant soit peu l’onde de choc post-MeToo, The Bold Type se situe déjà dans un monde où le féminisme impose les conversations plutôt que de les subir.
https://www.youtube.com/watch?v=5-I_2mgE2tU
Un ton neuf et formaté, mais d’une extrême réactivité
Dès la fin de sa première saison, lors d’un splendide et nécessaire épisode sur le viol, la série avait mis en scène la puissance de la sororité comme condition d’une parole enfin entendue. Depuis, on doute des capacités de ce soap sophistiqué à trouver un souffle aussi fort que celui qui l’avait porté à ses débuts.
La deuxième saison s’est révélée souvent problématique, que ce soit dans le traitement de son héroïne racisée, finalement très lisse, ou de la sexualité queer dont elle se voulait l’étendard. A plusieurs reprises, The Bold Type a donné l’impression de s’adosser à une forme d’engagement light, au point qu’il est devenu complexe de démêler ce qu’elle nous inspire.
Le début de la troisième saison continue sur le même ton, à la fois neuf et formaté. Pourtant, la série a le mérite d’une extrême réactivité, comme si elle avait intégré certaines critiques.
Le rôle des hommes dans une fiction aux parcours féminins
Le premier épisode met en scène les ambiguïtés de l’affirmation de soi et de l’empowerment, quand ces mots deviennent une obligation marketing ou une manière de se distinguer dans la jungle du marché du travail et des apparences. Une mélancolie « méta » surgit, que The Bold Type règle pour l’instant de façon un peu rapide et simpliste, mais qu’elle devra creuser dans les épisodes à venir.
A l’intérieur de sa structure féministe, la série touche du doigt l’obligation partagée de se mettre en scène, le diktat absolu d’Instagram et des réseaux sociaux sur certaines vies, sans jamais adopter un point de vue extérieur ou vieillot.
Mais le plus intéressant dans ce début de troisième saison – qui reste encore largement à préciser – tient au rôle des hommes dans une fiction qui met en avant des parcours féminins. L’introduction d’un nouveau personnage, Patrick Duchand, vient secouer quelques clichés : ce garçon brillant est embauché comme responsable du contenu numérique, alors qu’une femme aurait pu avoir le poste.
Très vite, il déjoue les craintes liées à la misogynie des hommes de pouvoir, en montrant une attention particulière aux enjeux d’égalité. L’épineuse question des alliés du féminisme est ainsi posée en quelques saillies qui prouvent que The Bold Type sait trouver les thèmes qui agitent une génération – même si certaines scènes semblent plaquées sur des threads Twitter.
Cette porosité immédiate à la tendance a ses limites, mais elle nous garde devant l’écran.
The Bold Type de Sarah Watson, avec Katie Stevens, Aisha Dee et Meghann Fahy. Saison 3 sur Amazon Prime Video
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