Le cinéma peut être notre meilleur allié face à l’angoisse du confinement. A ceux qui se rêvent galopant au milieu des vallées verdoyantes, nageant nus avec des tortues dans l’eau turquoise ou s’enfonçant dans la jungle tropicale une machette à la main, voici 10 fenêtres pour s’évader vers les grands espaces et se reconnecter depuis son salon avec la splendeur de la nature.
(Ce top est garanti sans film de Jean-Jacques Annaud)
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1/ Tabou de Friedrich Wilhelm Murnau et Robert Flaherty (1931)
https://www.youtube.com/watch?v=yPP7fWVMptg
Dernier film de Murnau, Tabou relate l’histoire d’amour impossible entre un pécheur de perle et une jeune fille sur l’île de Bora-Bora. Au départ envisagé comme un documentaire sur l’île, le cinéaste y fixe un mélodrame muet où le romantisme allemand mêlé à la luxuriance du paysage polynésien accouche d’un des plus beaux paradis perdus de l’histoire du cinéma. Et pour ceux qui ne seraient pas encore convaincus par la destination (proposée ci-dessous dans sa version intégrale) Eric Rohmer disait de Tabou qu’il était le « plus grand film du plus grand auteur de films« .
2/ Hatari ! de Howard Hawks (1962)
De la même manière qu’il se désintéresse des grands récits romanesques au profit de canevas extrêmement simples qui auscultent la complexité des rapports humains, le cinéma de Hawks privilégie le plus souvent les espaces confinés aux mondes extérieurs et vastes (le meilleur exemple étant le décor central de la prison dans sa trilogie de westerns Rio Bravo/El Dorado/Rio Lobo. Dans sa biographie sur Hawks, Todd McCarthy relève d’ailleurs que le cinéaste confiait le tournage de la plupart des scènes d’actions en extérieur à des collaborateurs de confiance. Au milieu de cette filmographie d’intérieur, figure pourtant une exception : Hatari ! Tourné quasi intégralement dans le parc national d’Arusha en Tanzanie, ce film d’aventures avec John Wayne relate l’expédition d’un groupe de chasseur de grands fauves. Si comme d’habitude chez Hawks, l’intrigue est minimaliste, le film offre un périple inoubliable mais aussi extrêmement drôle, au milieu des animaux sauvages et d’une galerie de personnages d’une grande densité. Film remède ultime au confinement, à placer aux côtés des plus grands Hawks.
3/ La cicatrice intérieure de Philippe Garrel (1972)
Nous sommes en 1970 et Philippe Garrel voyage avec la chanteuse Nico, sa compagne de l’époque, au Nouveau Mexique, en Islande, en Italie et en Egypte. Sur ses terres immaculées, vierges de toute civilisation, le cinéaste y tourne durant 2 ans La cicatrice intérieure, le grand trip psyché de ce top qui relate l’errance d’une femme, de deux hommes (l’auteur lui-même, puis Pierre Clementi) et d’un enfant dans une terre déserte. L’icône des Velvet compose la musique, joue et improvise les dialogues en allemand devant Garrel qui ne comprend pas un mot de la langue. Objet expérimental aussi fascinant qu’abstrait, naviguant entre les plaines désertes et enneigés, La cicatrice intérieure est de ces films dont il est préférable de se laisser habiter par l’expérience plutôt que d’y saisir un sens. À conseiller particulièrement aux confinés en pénurie d’acide.
4/ Mad max de George Miller (1979)
En 1979, George Miller inventait le western futuriste, rencontre entre le passé et le futur, la mythologie du grand ouest et de la dystopie postapocalyptique (notamment influencé par Route 666 de Roger Zelazny). La sidération provoquait par Mad Max à sa sortie venait aussi probablement de son lieu de tournage, l’Australie, décor dévitalisé et minimaliste jusqu’ici peu représenté au cinéma et qui confère à ce théâtre mythologico-futuriste son caractère si inédit.
5/ Indiana Jones et le temple maudit de Steven Spielberg (1984)
https://www.youtube.com/watch?v=oG8BxbJ8wkQ
Après la Polynésie française, l’Afrique, l’Islande, le nouveau Mexique et l’Australie, rien de tel qu’un épisode d’Indiana Jones pour poursuivre notre tour du monde. Deuxième volet de la saga, Indiana Jones et le temple maudit conduit le célèbre aventurier au chapeau en Chine puis en Inde à la recherche d’une pierre sacrée. Sans être le meilleur opus de la série, Le temple maudit reste l’épisode le plus porter sur l’action qui ravivera sans aucun mal – il le fait admirablement depuis 40 ans – les plus assoiffés d’aventures dépaysantes..
6/ Il était une fois en Chine de Tsui Hark (1991)
Fresque conduite sur 6 épisodes (dont 4 réalisés par Tsui Hark), Il était une fois en Chine raconte l’histoire du maître en art martial Wong Fei-Hong (interprété par Jet Li qui accédera avec ce film à la reconnaissance international) figure emblématique de la culture populaire chinoise. Avec ses combats en forme d’orgies chorégraphiées qui défient les lois de la physique et ses paysages sublimes éclairés par la lumière orange du soleil couchant, Il était une fois en Chine est une jubilation de chaque instant en même temps qu’un médicament redoutable contre la monotonie du quotidien.
7/ Gerry de Gus van Sant (2002)
https://www.youtube.com/watch?v=L6Gfr0OJODI
Si vous n’êtes pas encore tout à fait accommodé à l’expérience du confinement, il est préférable de passer au film suivant. Car l’immensité du décor de Gerry (le tournage a lieu en Argentine avant d’être rapatrié dans le Désert du Mojave en raison du climat trop froid) au lieu d’aérer les sens provoque un sentiment d’oppression comme rarement le cinéma en a produit dans son histoire. Ce désert de sel blanc ou ces deux jeunes paumés marchent, n’est pas un appel à l’aventure contrairement aux autres films de ce top mais devient un monde mental, révélateur d’un mal-être qui grandit progressivement à l’intérieur des personnages et petit à petit les aspirent, tel un 2001 terrestre. Malgré son caractère anxiogène et étouffant, Gerry est une prison à ciel ouvert qui, une fois expérimentée, donne envie d’y replonger et de goûter, en boucle, à sa beauté inépuisable.
8/ Frères des ours de Robert Walker et Aaron Blaise (2004)
Disney un peu oublié, Frères des ours prend place à l’époque post-ère glaciaire en Amérique du Nord dans une tribu d’Inuits animistes, c’est-à-dire croyant à une force vitale, animant les êtres vivants, les objets et les éléments naturels. Reprenant avec succès l’épure visuelle des classiques de Disney, le film est un très bel hymne à la nature et aux multiples richesses qu’elle nous offre (lac, grotte, cascade, forêt, glacier, montagne).
9 /Le nouveau monde de Terrence Malick (2005)
Il suffit d’un plan et la première note de L’Or du Rhin de Wagner pour se laisser emporter par l’invitation au voyage de Terrence Malick dans Le nouveau monde. Dans cette réécriture du mythe de Pocahontas, la caméra du réalisateur n’a peut-être jamais aussi bien capté et célébré la nature, – délesté des emphases inutiles qu’on pourra lui reprocher par la suite – et révélant prodigieusement la beauté innocente d’un territoire avant sa domestication par un envahisseur.
10/ La loi de la jungle d’Antonin Peretjatko (2016)
« Si vous aimez la neige, si vous aimez la pluie, si vous préférez prendre l’avion ou si préférez le bateau, si vous aimez les serpents ou si vous ne les aimez pas, ce film est fait pour vous » promet la délicieuse bande-annonce de La loi de jungle. A cela on est tenté d’ajouter : si vous aimez la Guyane, Y’a-t-il un pilote dans l’avion, les films d’aventures de Philippe de Broca (L’homme de Rio, Le magnifique) et la Nouvelle Vague, ce film est fait pour vous. En ces temps maussades d’isolement, cette merveille de comédie trépidante, poétique et politique pourrait bien vous sauver la vie.
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