[En vue de la grève mondiale pour le climat du 15 mars, nous dressons le portrait des moins de 30 ans qui s’érigent contre la catastrophe climatique.] Anuna de Wever, 17 ans, très charismatique et lucide sur l’état de notre monde, est l’une des figures de proue du mouvement de la jeunesse pour le climat.
Elle a un nom de star, et, à la voir s’exprimer avec force et charisme sur la place de la République, à Paris, on se dit qu’en fait, elle en est déjà devenue une. Anuna de Wever, 17 ans, est depuis plusieurs mois l’une des figures de proue du mouvement de la jeunesse pour le climat. D’où sa présence ce vendredi 22 février dans la capitale française, à l’occasion de la “leçon 2 de la grève pour la décroissance énergétique”. A ses côtés : Kyra Gantois, avec qui elle a co-fondé Youth for Climate, en Belgique, leur amie Adélaïde Charlier, qui les épaule, et bien sûr Greta Thunberg, la jeune Suédoise la plus célèbre du monde depuis son discours à la COP24, en Pologne, en décembre 2018.
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En sus de la vague de chaleur sans précédent qui a touché récemment son pays, c’est d’ailleurs l’allocution de l’adolescence nattée qui a fait figure d’électrochoc pour Anuna, comme elle nous l’explique par téléphone : “Je l’ai vue et je me suis dit : ‘Je veux l’aider, et je vais le faire’” Avec ses ami.e.s de Youth for Climate, la jeune Flamande sera ainsi la première en décembre à organiser des grèves une fois par semaine en Belgique, pour faire pression sur le gouvernement belge et demander aux politiques d’enfin prendre leurs responsabilités… et donc de prendre exemple sur les jeunes.
Le plus grand défi de sa génération
Depuis, en vue de la grève mondiale pour le climat organisée le 15 mars, elle parcourt l’Europe pour tenter de mobiliser à grande échelle. A Paris, tout comme ses acolytes, elle était très attendue, tant par les journalistes que par les jeunes Français.e.s sensibles à la question du changement climatique. Leur présence suscitera d’ailleurs une situation un peu surréaliste, les activistes étant systématiquement entouré.e.s par un cordon de sécurité et un service d’ordre pour éloigner la foule quelque peu hystérique.
Cheveux coupés au carré rabattus derrière ses oreilles, sac à dos et Van’s aux pieds, Anuna, née en 2001 – time flies… – a l’apparence des adolescent.e.s de son temps. Et de temps, elle ne veut plus en perdre : sa prise de parole à République est sans concession. Face au “plus grand défi de sa génération” – sauver l’humanité d’une catastrophe écologique mainte fois annoncée, rien que ça -, elle appelle les politiques à enfin faire preuve de courage.
Un esprit critique et une détermination hors normes
Mais elle n’y croit pas trop : la jeune femme est toujours ressortie très déçue de ses rendez-vous avec les puissants de notre monde, comme elle le rappelle sous les yeux de dizaines de journalistes s’étant déplacés à l’occasion de la grève. Malicieuse, elle n’hésite d’ailleurs pas à les tancer gentiment : “Vous ne devriez pas être ici devant nous, mais plutôt en train d’interroger les parlementaires pour leur demander pourquoi ils ne prennent pas des mesures pour protéger le climat.”
Son esprit critique a été notamment forgé par son éducation : sa mère Katrien Van der Heyden, que nous croisons dans le cortège, nous explique qu’elle a toujours appris à ses enfants l’importance de l’engagement, mais aussi du rôle prépondérant des citoyen.ne.s, des assos et des ONG pour le bon fonctionnement d’une démocratie. “Je suis très fière d’elle”, assure avec enthousiasme cette sociologue spécialiste des questions de genre et de diversité – des sujets qui intéressent également beaucoup Anuna, qui préfère, pour se présenter, donner simplement son prénom plutôt que de s’identifier comme fille ou garçon. Katrien estime qu’au même âge qu’elle, elle n’aurait “jamais eu un tel courage”.
Un livre en préparation
Elle veille avec attention sur sa progéniture (il faudra d’ailleurs passer par elle pour obtenir un petit entretien de la lycéenne) : Anuna de Wever a subi une campagne de harcèlement sur les réseaux sociaux, comme le raconte ce papier de la RTBF. Pas de quoi freiner la détermination de la jeune Flamande qui, outre son combat, doit gérer comme elle le peut sa vie quotidienne.
Le soir, après chaque manifestation, celle qui a pour inspiration Michelle Obama ou encore Leonardo Dicaprio doit ainsi étudier les différents cours qu’elle a ratés depuis le début des grèves. Soit un paquet tout de même… Mais rassurez-vous, même si elle est “très fatiguée”, elle n’est pas prête de se taire et compte bien continuer à faire vivre “le combat qu’elle a choisi” (Katrien Van der Heyden). Sinon, Anuna de Wever trouve même le temps de plancher sur un livre, co-écrit avec son acolyte Kyra Gantois. Il s’appellera Nous sommes le climat. Une lettre à tout le monde. On se dit qu’il pourrait aussi très légitimement s’appeler “Nous sommes le futur”.
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