Lors d’une conférence de presse lundi 4 juin, Françoise Nyssen, la ministre de la Culture, a dévoilé les premières propositions du projet de loi de réforme de l’audiovisuel public. Ses deux grands objectifs : reconquérir la jeunesse et développer un média de la vie quotidienne.
En décembre dernier, on s’écharpait pour savoir si oui ou non Emmanuel Macron avait qualifié l’audiovisuel public « de honte de la République« . Six mois plus tard, Françoise Nyssen a dévoilé le 4 juin lors d’une conférence de presse comment le gouvernement compte s’y prendre pour le réformer. Les premières propositions de la ministre de la Culture se concentrent sur la reconquête de la jeunesse et le développement d’un média quotidien de proximité.
« Donner davantage la parole aux territoires »
Lors de la conférence de presse, Françoise Nyssen a annoncé que « l’identité de France 3 sera recentrée sur la proximité ». Elle « souhaite que l’on multiplie par trois le temps consacré aux régions. » Actuellement, France 3 diffuse des contenus régionaux deux heures par jour.
Pour se faire, elle souhaite que France 3 et France Bleu s’allient. La ministre a indiqué au Monde que « dès l’automne, France Bleu et France 3 lanceront des expérimentations dans deux régions. (…) Deux villes françaises se réveilleront bientôt avec une matinale commune de France Bleu et France 3. »
Françoise Nyssen a également confirmé la suppression de France 4 de la TNT. France Ô, la chaîne notamment dédiée à la France d’outre-mer, doit elle être repensée :« il faudra interroger nos concitoyens d’outre-mer et leurs élus pour déterminer si l’avenir est au maintien de France Ô sur le canal hertzien ou au contraire au renforcement des offres numériques des Outre-Mer Premières » a-t-elle déclaré.
« Nous ne passerons pas à côté de la génération née avec un smartphone dans les mains »
Reconquérir le jeune public, c’était le mantra de ce discours. La ministre de la Culture regrette que la jeune génération perçoive les chaînes du service public comme la » télévision des parents ». « C’est à nous de les surprendre ! » a-t-elle déclaré.
Pour cela, Françoise Nyssen veut parier sur « la mutation technologique et un investissement sérieux dans le numérique ». Elle a notamment annoncé au Monde que l’offre à la demande sera développée et que 150 millions d’euros supplémentaires par an seront investis dans le numérique à horizon 2022.
Nous allons bâtir un champion industriel du numérique pour reconquérir le jeune public. Les sociétés vont décupler et regrouper leurs efforts : elles investiront 150 millions d’€ supplémentaires dans le numérique d’ici 2022, et elles développeront les nouvelles offres en ligne.
— Ministère Culture (@MinistereCC) 4 juin 2018
Deux nouveaux médias seront créés : une plateforme en ligne dédiée à l’art et la culture « fin juin » et « un nouveau média générationnel en commun, à destination des 15-30 ans » a-t-elle précisé au Monde. Dès mercredi, Franceinfo hébergera également une « plateforme commune de décryptage des fausses nouvelles ».
Soutenir la création
Lors de son discours, Françoise Nyssen a affirmé son soutien à la création audiovisuelle française et son intérêt de privilégier des productions audacieuses.
J’ai sanctuarisé les 560 millions d’€ investis chaque année dans la production de films, de séries, de documentaires, de films d’animation et de captations de spectacles vivants. Les médias de service public resteront les 1ers partenaires de la création audiovisuelle française
— Ministère Culture (@MinistereCC) 4 juin 2018
Malgré tout, des économies sont attendues. Mais la ministre de la Culture assure au Monde que « l’Etat actionnaire est fondé à demander aux sociétés de l’efficience et des économies. Mais je vous l’ai dit, la transformation radicale que nous lançons s’est émancipée des réflexes archaïques. »